Tous les joueurs de la fin des années 90 se souviennent certainement de Resident Evil 2, un titre à l’ambiance inquiétante développé par les équipes japonaises de Capcom… On pourrait même parler d’un grand classique du genre Survival Horror sorti sur la PlayStation première du nom en 1998. Les joueurs y parcourraient la ville de Raccoon City et notamment le poste de police, lieux assiégés par une invasion de zombies due aux dérives d’Umbrella Corporation. Cette aventure mettant en vedette Leon Kennedy et Claire Redfield (deux personnages qui sont devenus des icônes de la série depuis) aura fait les beaux jours de la PlayStation et aura rendu nostalgique de nombreux joueurs de l’époque…
Bien que le jeu proposait un gameplay assez lourd avec des déplacements de personnage assez lent, il avait « CE » quelque chose qui le rendait totalement unique avec ses plans de caméra fixes et ses décors précalculés… Sans oublier son ambiance totalement oppressante et inquiétante, certains le qualifiant de chef-d’oeuvre aujourd’hui encore.
Avec ce constat, difficile de toucher à une pièce maitresse de ce calibre, surtout que les joueurs sont plutôt du genre fébrile quand on commence à leurs parlers de revoir une oeuvre. Pourtant plus de 20 ans après, les équipes de Capcom ont fait le pari de remettre le jeu sous le feu des projecteurs afin d’offrir aux joueurs de l’époque et les nouveaux joueurs une vision plus moderne de ce que proposait Resident Evil 2 en son temps.
Exit les plans fixes de l’époque pour une caméra plus immersive changeant totalement la façon de parcourir le commissariat et les autres lieux de Raccoon City. À mi-chemin entre un « remake » et un « nouveau jeu », les équipes de développement de Capcom proposent de REvivre l’aventure de Resident Evil 2 d’une tout autre façon avec un gameplay revu tout en conservant le fond et la forme de l’original. Nous avons eu l’occasion de parcourir cette version revisitée de RE2, nous vous livrons aujourd’hui notre avis sur le jeu (version PS4 fournie par l’éditeur que nous faisions tourner sur PS4 pro).
Le RE Engine pour un croisement entre un gameplay moderne et rétro :
Ça n’aura échappé à personne, au fil des épisodes, la série Resident Evil a mis de côté l’aspect lent et oppressant au profit de l’action… Il ne s’agissait pas de moderniser le genre Survival Horror, mais bien de tendre vers de l’action pure et dure avec des explosions à tout va tout en augmentant toujours plus la mobilité des personnages… Ils se déplacent plus vite, font des acrobaties et se paient même le luxe de cogner sur les zombies à pleine volée (vu dans Resident Evil 6), des choix qui auront eu le dont d’agacer les joueurs au fil des épisodes qui n’ont eu de cesse de répéter à Capcom, « c’était mieux avant ! ».
À ces déclarations, Capcom a répondu avec « Resident Evil 7 » un épisode qui a fait office de retour aux sources en proposant une aventure plus oppressante que les deux derniers jeux (numérotés) et au rythme plus lent.
RE7 n’était d’ailleurs pas le seul projet de Capcom pour répondre à cette attente puisque le remake de Resident Evil 2 était aussi dans les cartons depuis 2015. Ce Remake (nouveau jeu) est dorénavant en vente depuis le 25 janvier 2019 sur PC/PS4/XBOXOne et fait un mix de tout ce que l’on connait de cette saga tout en reprenant le moteur du 7e épisode, le RE Engine.
Les premières minutes manette en mains nous font faire une halte dans une station-service ou la nuit d’horreur commence à s’installer avant que les choses dégénèrent et poussent les deux protagonistes à trouver refuge dans le lieu qui est au centre de ce remake, le commissariat. Très vite, on se rend compte que le titre est vraiment stable, à 60 FPS (du moins sur PS4 pro) sans jamais sourciller, les nouveaux modèles des personnages de Léon et de Claire sont réussis et les expressions faciales sont dignes d’éloges sans parler des textures des décors et de la modélisation des zombies qui sont tout aussi réussies. Les environnements de Raccoon City et les personnages n’auront jamais été aussi criants de vérité que dans le remake de Resident Evil 2 pouvant nous mettre en confiance pour l’avenir de la série.
La caméra revient se placer derrière l’épaule du personnage que le joueur dirige, le gameplay est modernisé, mais pas trop avec des contrôles précis tout en conservant une certaine lourdeur des déplacements présents dans les premiers jeux de la saga. On a face à nous la technique de ce qu’on est en droit d’attendre d’un jeu de 2019 tout en conservant l’aspect rétro technique de 1998 permettant à tous types de joueurs de s’y retrouver.
Ces zombies qui ne crèvent jamais et ce tyran en mode Robocop qui vous poursuit sans relâche… !
Le remake de Resident Evil 2 a vraiment tout ce qu’il faut pour montrer au joueur que quoi qu’il puisse faire, il est impuissant et qu’il ne peut pas lutter face à ce virus qui a plongé Raccoon City dans le chaos (du moins, pas comme le joueur le souhaiterait). Il faut avoir une bonne gestion de son inventaire qui a vite fait de s’encombrer, les munitions sont plus que limitées, les armes tout autant et les zombies sont en surnombre… Le pire dans tout ça, c’est qu’ils sont littéralement increvables. Mettez 4 à 5 balles dans la tête à un zombie, sa caboche ressemblera à un amas de purée, mais il continuera à se mouvoir vers vous dans sa quête de chair humaine…
La meilleure solution reste de leur tirer des balles dans les jambes pour les faire tomber au sol et ainsi éviter au maximum les affrontements du jeu et c’est valable même en difficulté standard. Et l’on ne vous parle pas de la partie ou le Tyran vient rejoindre la fête… Vous pouvez user toutes vos munitions sur lui, vous acharner pour qu’il vous lâche une bonne fois pour toutes, c’est peine perdue… Il tombe au sol et se relève 5 minutes plus tard !
Dans le premier scénario du jeu, il est assez peu présent, mais quand il débarque c’est pour un véritable moment de stress. Il est là, il vous traque et ne fera qu’une bouchée de vous si vous trainez de la patte trop longtemps au même endroit. Il se déplace sans cesse, ouvre les portes violemment et marche vers vous comme un robot déterminé !
Et le pire c’est qu’en parcours bis, il est là quasiment depuis le départ alors que vous n’avez pas la moindre arme pour le maintenir à distance. Vous n’avez donc d’autres choix que de courir dans tous les sens dans les pièces du commissariat pour vite trouver les objets des différents puzzles.
Voilà d’ailleurs un point qui nous emmène aux totales contradictions de la route principale et la route Bis… celle qui se débloque après avoir fini l’aventure une première fois et qui est donc censée nous faire vivre l’histoire du jeu du point de vue du deuxième protagoniste censé arriver par la porte de service du Commissariat.
Une route Bis en totale contradiction avec le premier parcours créant de l’incohérence :
La version originale de Resident Evil 2 proposait deux scénarios distincts avec Léon et Claire ou l’on retrouvait différents puzzles, boss et personnages secondaires. Dans le remake, les différences sont fortement minimisées ! Lors du premier parcours, le choix du personnage n’a guère d’importance puisque le chemin emprunté sera sensiblement le même avec néanmoins des différences dans les dialogues et les rencontres de personnages secondaires, Sherry pour Claire ou Ada pour Léon. Si vous choisissez par exemple Léon au début du jeu, c’est lui qui arrivera par la porte d’entrée du commissariat et lui qui rencontrera l’officier Marvin Branagh. Ce qui fait que Claire vivra sa nuit de cauchemar de son côté et arrivera par la porte de service du commissariat lors du second parcours… Jusque là, tout va bien…
Le problème c’est que quand vous vivez le point de vue du second personnage en route Bis, nous assistons dès le début à toutes sortes d’incohérence. Léon et Claire ne se sont jamais croisés dans les couloirs du commissariat ? Nous ne retrouvons pas des traces du passage du premier protagoniste ? Toutes les énigmes du commissariat ont été réinitialisées et les objets revenus à leur position initiale ? Le tyran est là dès le départ alors que dans le premier parcours il était possible de déambuler dans les couloirs du commissariat durant toute la première moitié du jeu ?
D’ailleurs, sur les deux parcours, le joueur combat les boss au même endroit, et certains événements se déroulent exactement de la même façon avec les deux personnages. Nous poussant à la conclusion que le « parcours Bis » se joue comme une version remixée et plus difficile de la première route, ne permettant pas au joueur de bien comprendre le point de vue du second personnage. Autant de questions qui viennent créer de l’incohérence pour le joueur et quelque peu ébranler toute la structure scénaristique du jeu… Ce qui constitue à notre sens la plus grosse lacune de ce Resident Evil 2.
Une durée de vie intéressante avec la présence de nombreux défis et choses à débloquer :
Outre le mauvais point précisé plus haut, comptez environ dix heures lors de votre première route pour finir l’aventure. Le temps de découvrir les différentes pièces du commissariat et comprendre la disposition des autres lieux visités. Ajoutez à ce temps initial 5 heures à 6 heures supplémentaires pour finir le parcours bis qui se veut plus rapide étant donné que l’on connait déjà les lieux et que le Tyran est là pour vous aider à réagir plus vite et moins réfléchir à ce que vous allez entreprendre.
En marge de l’aventure principale des deux personnages centraux, les joueurs peuvent compter aussi sur de nombreux défis qui sont consultables depuis l’écran titre. Ces défis ont pour but de vous repousser dans vos limites, certains nécessitent de finir l’histoire en un temps record, d’autres vous limiteront dans l’utilisation de vos objets de soin, vos sauvegardes, votre nombre de pas et autres, autant de challenges qui permettent de débloquer des tenues pour les différents protagonistes du jeu, de nombreux visuels artistiques de RE2 et de sa conception qui sont consultables depuis un menu galerie.
Ces défis offrent aussi la possibilité d’obtenir des armes aux munitions infinies et même de débloquer deux modes de jeux annexes mettant en vedette Hunk et Tofu tout comme c’était le cas dans la version de 1998. Le joueur qui s’y investit accumulera pas mal d’heures au compteur, comptez une bonne trentaine d’heures pour tout compléter ce qui est plutôt honnête pour le genre « Survival Horror ».
En conclusion, le remake de Resident Evil 2 ça vaut quoi ?
☆ Bien qu’il se montre moins bon que l’original sur certains domaines et notamment au niveau de l’interaction entre les deux protagonistes, le remake est néanmoins bien meilleur dans sa structure, son immersion et son gameplay qui fait du neuf avec du vieux. Le côté oppressant est plus présent que jamais avec un jeu de lumière très réussie, le Tyran offre un vrai moment de stress surtout lors de la première rencontre ou le joueur se sent presque impuissant… Vous avez beau vous cacher, il est là et il veut en découdre.
Il y a des idées de gameplay qui sont les bienvenues comme la possibilité de bloquer l’accès des fenêtres aux zombies en les barricadant avec des planches en bois. Autre nouveauté de gameplay, le couteau a lui aussi évolué avec une limitation de son utilisation. Il s’utilise désormais en dernier recours comme une arme de « self défense » lorsqu’un zombie arrive à attraper Claire ou Leon. Pleins d’aspects qui rendent ce remake plus crédible que l’original en termes de jeu alors que le scénario lui se montre totalement incohérent à cause de choix plus que douteux qui ne permettent pas le développement de liens entre les parcours de Leon et Claire…
En tant que remake, Resident Evil 2 remplit à moitié le contrat à cause de raccourcis scénaristiques et de structure des deux parcours un peu faciles. En tant que nouveau jeu, on peut dire qu’il est réussi et qui satisfera la plupart des joueurs grâce à une production et une technique de haute volée maquillant quelques peut les mauvais points cités plus haut.