Le nom Obsidian Entertainment évoque à lui seul de très bons jeux de rôle à l’écriture fine et maitrisée. Déjà à l’origine de grands titres comme Fallout New Vegas, Star Wars Knights of the Old Republic 2 ou encore South Park Le Bâton de la vérité dans un registre un peu plus décalé, le studio a su crée une certaine attente autour de son nouveau titre « The Outer Worlds » que beaucoup de joueurs ont vu comme le digne successeur de Fallout New Vegas.
Avec The Outer Worlds, les équipes de développement souhaitent offrir aux amateurs du genre toute la recette d’un bon jeu de rôle de science-fiction à la première personne avec une grosse gestion de tous les aspects de son personnage tout en offrant une aventure non-linéaire ou il est possible de prendre différents embranchements scénaristiques.
Si votre but est de jouer le bon samaritain qui aide son prochain ou la brute sanguinaire qui règle les problèmes avec les armes alors, faites-le puisque The Outer Worlds fait le pari de vous laisser jouer comme vous l’entendez, peu importe les conséquences qu’auront vos actions sur le long terme.
Un étranger dans une étrange contrée :
Le début de l’aventure vous fait comprendre que vous incarnez un personnage participant au projet fou de développer la vie dans une zone reculée de l’espace « Halcyon », système stellaire très éloigné de celui de la terre. Deux vaisseaux sont envoyés dans l’espace, dont le vôtre qui est appelé « l’Espoir » ou vous et de nombreux autres terriens participant au projet y sont placés en état de cryogénisation. Sauf que les choses ne se sont pas vraiment déroulées comme prévu, puisqu’au lieu de rester sous cet état seulement quelques années, vous y êtes resté près de 70 ans !
Le premier vaisseau est bien arrivé à bon port alors que le vôtre a été déclaré comme « perdu » à la suite d’un dysfonctionnement de la commande de saut. Sauf que le « Conseil » d’Halcyon dirigé par des mégacorporations privées a bien connaissance du lieu de la dérive de votre vaisseau et pour éviter un coup d’éclat ils ont pris la décision d’abandonner « l’Espoir » à sa dérive éternelle dans l’espace. Sauf qu’un scientifique un peu fou du nom de « Phineas Vernon Welles » bien décidé a libéré les colons d’Halcyon de leur emprise sur ces sociétés sans scrupule, va décider de prendre une capsule « au hasard » en s’infiltrant sur le vaisseau et de sortir la personne de son état de stase éternel… Et cette personne, c’est vous !
C’est donc dans ce contexte que vous créez l’apparence de votre personnage avec un éditeur fichtrement bien foutu qui vous permet de régler de nombreux détails. Non vraiment, on y a passé au moins 15 minutes sauf que ce qu’on n’avait pas prévu c’est qu’on ne verrait jamais notre personnage.
Bah Oue, l’aventure se joue à la première personne et les seules fois où vous le verrez vraiment c’est en ouvrant votre menu… Et bien souvent, il aura un casque sur la tête ! Bref, passons ce petit détail et allons au cœur de l’aventure, votre arrivée en terre inconnue après un long sommeil de 70 ans.
Le scientifique maboul qui ne prend pas trop le temps de vous expliquer ce qu’il se passe vous envoie très vite sur Terra-II ou vous êtes censé trouver le vaisseau d’un dénommé « Hawthorne » qui vous y attend sauf que là encore rien ne se passe comme prévu… Votre capsule va écraser l’homme à son atterrissage… Vous voilà coincé sur Terra-II, votre premier terrain de jeu.
Grande liberté dans la gestion des compétences et autres attributs du personnage :
Lorsque vous créez votre personnage via l’éditeur, vous avez la possibilité de lui attribuer différents points de compétences pour dicter son « orientation de départ ». Vous choisissez son niveau de force, son intelligence, son charme ou encore son tempérament. Tous des attributs qui ont des conséquences sur d’autres compétences générales du personnage.
Comme dans un RPG classique, vous gagnez des points d’expériences au fur et à mesure que vous combattez ou remplissez des quêtes. Sachant que 5 niveaux vous permettent d’obtenir en plus de vos points de compétences des points « d’avantages » qui peuvent vous permettre de débloquer certains bonus supplémentaires qui vous donnent une plus grande liberté dans votre façon de développer vos forces et vos faiblesses.
Et au fil de l’aventure, vous allez d’ailleurs croiser différents types de monstres, tuer des bandits à tour de bras et répéter certaines actions encore et encore. De ce fait, votre personnage risque à terme de développer ce que le jeu appelle une « phobie ». Ainsi en tuant trop de monstres du même type par exemple, vous pouvez perdre vos moyens quand ils se mettent à vous attaquer. Vous perdez alors en dextérité, en perspicacité ou vos points de tempérament, mais ce malus permanent offre en retour les fameux points « d’avantage » dont nous vous parlions plus tôt. Il faut savoir que vous n’êtes pas obligé d’accepter une phobie, quand le message apparait vous pouvez tout simplement ignorer le message.
Bien entendu, à mesure que vous explorez les destinations « d’Halcyon », vous trouverez toutes sortes d’objets allant des armes aux armures, vous pouvez équiper jusqu’à 4 flingues et même utiliser des armes au corps à corps. Le jeu dispose d’un système de « craft » qui vous permet en sus d’ajouter des « attributs élémentaires » via des mods à vos équipements pour obtenir divers effets qui se monteront utiles à un moment ou à un autre en combat.
D’ailleurs, votre sortie de « cryogénisation » ne s’est pas faite sans effets secondaires puisque vous avez développé une sorte de pouvoir appelé la « Dilatation Temporelle » qui vous permet d’obtenir un ralenti façon « Bullet Time » qui vous permet de cibler précisément certaines parties du corps de vos ennemis pour leur infliger différents statuts d’états handicapants.
C’est aussi un moyen d’avoir rapidement des infos précises sur votre adversaire puisqu’une petite fenêtre s’ouvre quand vous visez un ennemi en mode « Dilatation Temporelle » et vous livre différentes informations. Tout l’aspect personnalisation, équipement et combats de The Outer Worlds est plutôt bien foutu. Gardons tout de même à l’esprit que tout n’est pas parfait, comme la gestion des sauts et la proximité entre le joueur et des terrains impraticables ou encore l’IA des ennemis complètement aux fraises avec un bestiaire qui peine à se diversifier et des bandits qui vous sautent dessus à tous les coins de rue sans raison fragilisant l’idée que vous pouvez tout régler pacifiquement.
En cours de route, vous vous lierez à de nombreux protagonistes qui rejoindront votre équipage et voyageront à travers tout le système « d’Halcyon » avec vous. Ces personnages ont tous un but différent et une façon de voir les choses. Vous pouvez à eux aussi leur débloquer des points d’avantages et changer leurs équipements comme bon vous semble. D’ailleurs chose amusante, si un protagoniste « vous fait chier » vous pouvez carrément le virer de l’équipage en lui demandant gentiment de « dégager ».
À noter que les joueurs qui jouent en difficulté supernova doivent aussi s’assurer que leurs personnages ne manquent pas d’eau, de nourriture et qu’ils dorment. D’ailleurs, les coéquipiers qui accompagnent le joueur peuvent mourir de façon permanente ce qui ajoute une dose de stress supplémentaire.
Des choix qui ont de véritables conséquences :
Tous vos choix ont des conséquences dans The Outer Worlds. Voulez-vous aider ce scientifique fou qui vous a sorti de stase et sauver les colonies ? Voulez-vous le trahir et le livrer aux autorités et vous allier avec ? Ou alors êtes-vous du genre à tout bruler et régler les problèmes en laissant parler les armes pour aider les fanatiques à conquérir l’univers ? Car c’est tout à fait possible !
Il n’y a pas de bons ou de mauvais choix, il y a simplement vos choix et LEURS conséquences. Et c’est ce qui fait certainement la force de l’aventure de The Outer Worlds. Ainsi, si vous êtes en mesure de boucler le jeu une fois en moins de 25 heures, vous pourrez faire et refaire l’aventure pour chercher toutes les possibilités et les embranchements scénaristiques pour arriver finalement à au moins une centaine d’heures.
On se souvient d’un des premiers choix majeurs du jeu ou il fallait choisir ou nous voulions rediriger l’électricité que deux groupes de Terra-II se disputaient. D’un côté nous pouvions nous ranger du côté de la société Spacer’s Choice en redirigeant tout le courant vers la ville de EdgeWater dirigé par un type crapuleux ou alors envoyer tout le jus vers un jardin botanique ou un groupe de personnes « fugitives » avaient construit un nouveau havre de paix loin de toutes oppressions et tyrannie des grosses sociétés.
En réalité, cette quête aurait pu se terminer en cinq minutes seulement. En effet, on aurait pu décider de voler le régulateur électrique qui nous aurait permis de démarrer le vaisseau de « Hawthorne » (vous vous rappelez l’homme écrasé par la capsule…) ou bien on aurait pu coller une balle dans la tête du dirigeant de Edgewater ou à celui qui gère le groupe de renégat (une femme au passage) du laboratoire botanique. Les possibilités sont nombreuses et le temps de jeu d’une partie à une autre pour boucler l’aventure varie fortement en fonction des choix que prend le joueur.
Il y a de nombreux dialogues avec de nombreux embranchements possibles dans ces dialogues. Vous participez vraiment aux conversations avec la possibilité de « parfois » utiliser les compétences que vous avez développées sur votre personnage pour tourner les choses à votre avantage. Vous pouvez mentir à votre interlocuteur, vous montrer persuasif ou encore l’intimider pour arriver à vos fins… Ce ne sont pas des choses nouvelles dans un jeu de rôle, mais dans The Outer Worlds cet aspect est bien exécuté.
Un terrain de jeu un poil trop petit pour avoir la sensation de vivre une « grande aventure » :
C’est certainement le défaut majeur de The Outer Worlds, le terrain de jeu est beaucoup trop petit, ne vous attendez pas à un monde ouvert, mais plutôt à de « grandes zones » fermées. Les planètes ou destinations que vous visitez n’offrent pas la possibilité de « vraiment » explorer, une exploration qui n’apporte d’ailleurs aucune récompense. Vous traversez souvent les zones en long en large et en travers en très peu de temps. Et là où le joueur se sent un peu arnaqué, c’est quand il découvre la carte stellaire d’Halcyon à bord du vaisseau qui compte bon nombre de destinations alors qu’en réalité très peu sont explorables. La plupart sont sur le plan juste pour faire jolie…
En parlant de choses jolies, les graphismes ne font pas toujours honneur au jeu. Si les personnages que vous côtoyez ont des expressions qui ont un certain charme, on ne peut pas en dire autant des environnements qui font bien souvent peine à voir. Surtout en ce qui concerne la flore qui a un rendu assez douteux. D’ailleurs, à y regarder de plus près, tout semble techniquement daté dans The Outer Wordls, loin des standards actuels comme si les créatifs étaient restés bloqués avec une vision des jeux vidéo d’il y a presque 10 ans…
★ Au final, The Outer Worlds un bon RPG à faire ?
Clairement oui, si vous êtes un amateur de RPG , The Outer Worlds est une très bonne pioche en cette fin d’année 2019. L’histoire est bien écrite et soignée et vos choix ont tous de vraies conséquences. Tout l’aspect « RPG » que l’on est en droit d’attendre d’une production d’Obsidian est bien présent et bien exécuté. Si tout n’est pas parfait, on peut dire que nous avons passé un très bon moment sur « The Outer Worlds ». Les bases sont là pour une « suite » encore plus réussie.
Ce qui dérange le plus finalement ce sont les graphismes et la direction artistique en général qui est clairement en retrait « effet de vieux jeu » par rapport au reste. C’est assez vilain et ne parlons pas de la technique du jeu qui est loin des standards actuels. En revanche, l’aventure globale arrive à offrir assez de richesse dans ses mécaniques de jeu pour que le joueur oublie tout ce qui l’entoure.