Nous avons récemment eu l’occasion de tester un dénommé « Mortal Shell », soft développé par le petit studio Cold Symmetry qui est composé d’une quinzaine de personnes. Mortal Shell s’annonce comme étant une sorte de vibrant hommage à la licence Dark Souls (Demon’s Souls, Bloodborne) de FromSoftware. Les concepteurs aiment à rappeler que Mortal Shell (anciennement connu sous le nom de Dungeonhaven au passage) a été conçu avec soin par des développeurs chevronnés et des vétérans de l’industrie qui ont travaillé sur certains des plus grands titres AAA du marché. Produit par une équipe de 15 personnes seulement, Mortal Shell n’a visiblement été rendu possible que grâce au « pedigree » de l’équipe et à son désir ardent d’honorer le genre des « Souls Like ». Et ça, ce n’est pas nous qui le disons, mais les développeurs eux-mêmes ! Soyons honnêtes, quand un nouveau studio avec une petite équipe comme celle de Cold Symmetry se présente comme des vétérans ayant travaillé sur certains des plus grands titres AAA du marché, ça fait remonter en nous certains souvenirs douloureux.
On ne peut s’empêcher de penser à l’équipe de « Madmind Studio » qui se présentait de la même manière. Pour ceux qui ne connaissent pas ce studio, ils sont à l’origine de l’infâme « Agony », hommage au genre Survival Horror qui était une purge à tous les niveaux… Attention, nous ne sommes pas en train de comparer les deux jeux qui sont diamétralement opposés, mais c’est toujours amusant de voir un studio sortir les grands termes « développeurs chevronnés », « vétérans de l’industrie » pour marquer le fait qu’ils font certainement de très bonnes choses… Eh bien, c’est ce que nous allons voir avec Mortal Shell ! À noter que le jeu est disponible depuis le 18 août 2020 sur PC, PS4 et Xbox One en version digitale et qu’une version boîte avec disque sera disponible en magasins le 2 octobre 2020.
Bienvenue dans le monde de Fallgrim :
Si Mortal Shell plonge les joueurs dans un univers très « Dark Fantasy » à l’apparence qui fait immédiatement penser aux univers des jeux de From Software avec un monde désolé et extrêmement cruel, le soft trouve néanmoins de quoi s’affranchir de ses origines en y ajoutant des éléments qui lui sont propres, ce qui lui permet de trouver sa propre identité. L’écartant ainsi du risque d’être perçu comme un bête plagiat. Dès ses premières minutes, l’aventure met en avant une mécanique unique et certainement la mécanique de gameplay la plus intelligente du jeu. Notre personnage est capable de s’endurcir, une capacité qui le transforme immédiatement en pierre sur simple pression de touche, l’aidant ainsi à résister aux attaques des ennemis. Cette fonctionnalité est très pratique et peut être utilisée de bien des façons. Une attaque qui arrive dans le dos et qui semble impossible à esquiver ? Il suffit d’activer sa carapace. Un coup d’estoc mal évalué qui va manquer sa cible ? Il suffit d’activer la carapace et laisser l’adversaire venir s’empaler lui même sur la lame. Cette mécanique de jeu nous a semblé vraiment bien intégrée, elle offre un petit côté « stratégique » aux affrontements. Et autant être direct, la capacité de durcissement du personnage se montre vite essentielle, compte tenu du fait que dans ce monde, la mort arrive très TRÈS rapidement. Eh oui, à l’image des jeux de FromSoftware, Mortal Shell est une sorte de « Die & Retry » punitif et exigeant ou deux ou trois coups bien placés peuvent avoir raison de votre pauvre âme.
À la différence d’un Dark Souls, vous ne créez pas votre personnage via un éditeur, vous incarnez à la place une sorte « d’humanoïde » qui a la capacité à prendre possession des corps de certains guerriers qui sont tombés au combat. En prenant possession d’une enveloppe corporelle, vous profitez de ses différentes statistiques, comme si vous revêtiez un ensemble d’armure.
Le jeu propose quatre réceptacles qui sont à découvrir en arpentant les zones de Fallgrim, chacun offrant des statistiques différentes comprenant forces et faiblesses… Les développeurs étant pleins de bonnes volontés, ils ont aussi imaginé une mécanique de jeu très appréciable, si votre santé tombe à zéro, vous êtes expulsés de votre réceptacle. Vous avez alors quelques secondes d’action pour vous emparer à nouveau du corps inanimé qui se sera durci pour avoir une seconde chance. Pendant ce laps de temps, les ennemis sont aussi endurcis, mais ça ne dure qu’une fraction de seconde. Après la zone tutoriel du jeu qui vous explique tout ça, vous faites vos premiers pas dans le monde sombre et impitoyable Fallgrim, au coeur d’une forêt bien étrange à l’identité visuelle atypique.
Suivez votre guide, les sœurs Genessa montrent la voie :
Dès le départ, vous comprenez que vous devez vous diriger dans une tour au milieu de la forêt pour comprendre votre rôle dans ce monde désolé. Endroit où vous réveillerez une des sœurs Genessa. Elles sont une sorte de « guide spirituelle », pour ainsi dire, permettant au joueur d’améliorer les réceptacles qu’il contrôle en échange de goudrons et lueurs, les équivalents des âmes que vous récoltez dans les jeux de FromSoftware. Dans Mortal Shell, il n’y a d’ailleurs pas de feux de camp qui servent de checkpoints, pour cela, il faut réveiller et parler à l’une des sœurs Genessa qui se trouvent en Fallgrim pour avoir un point de réapparition en cas de mort de l’être humanoïde.
Puis viennent vos premiers pas « à explorer » les alentours de la tour où vous avez réveillé votre première sœur Genessa. Très vite, vous découvrez l’ampleur des dégâts (eh oui, c’est maintenant que nous commençons à parler des choses qui fâchent). Car si Mortal Shell est plein de bonnes volontés, le soft souffre de défauts vraiment inexcusables… Comme les gros problèmes de hitbox sur les ennemis. Pour un jeu qui prône l’exigence, c’est quand même assez limite. Le level design nous a semblé totalement incompréhensible et vraiment ma pensé. Il est très difficile d’avoir des repères et savoir quelle direction prendre. Parfois, vous cherchez un lieu que vous avez visité deux minutes auparavant et pas moyen de le retrouver… Car les zones de Mortal Shell sont totalement labyrinthiques, tout mène partout et nulle part à la fois ce n’est vraiment déroutant même après plusieurs heures de jeu.
Pour masquer la pauvreté du Level Design, les développeurs ont eu une idée totalement absurde. Placer des ennemis absolument partout… Vous avez 5 ennemis qui vous attendent à chaque coin de rue, prêts à vous sauter dessus pour vous tuer, littéralement. Et ne parlons pas de cette idée de tunnels dans la roche que vous pouvez emprunter en rampant qui cassent totalement le rythme d’explorer les zones. Qui dans l’équipe de Cold Symmetry (des vétérans rappelez vous) a eu l’idée de ces tunnels grotesques !?
Quand vous comprenez les mécaniques du jeu, ce n’est pas si difficile finalement :
Si les premières heures de jeu se montrent éprouvantes, vous découvrez à mesure que vous explorez le monde de Fallgrim que Mortal Shell n’est pas si difficile en réalité. Il y a tout un lot d’améliorations en tout genre pour vos avatars et vos armes qui viennent grandement faciliter l’aventure. Les sœurs Genessa offrent en effet un service d’amélioration. Une fois que vous avez trouvé une enveloppe corporelle et que vous avez suffisamment de « goudron » sur vous, vous pouvez alors rechercher le nom de cette enveloppe corporelle ce qui vous donnera l’occasion de débloquer pas mal de compétences pour votre enveloppe. De même qu’il est possible de chercher de nombreux objets d’améliorations pour les différentes armes du jeu. Améliorez à fond par exemple l’épée de départ et vous tuerez la plupart des ennemis de base en un coup, voire deux coups. Un peu plus pour les grosses cibles, mais le système de carapace vous permet de placer de méchants combos qui auront raison rapidement de vos adversaires.
Si le jeu compte un certain nombre de boss, leurs patterns se montrent bien souvent trop prévisibles. Ce qui rend souvent les situations difficiles dans Mortal Shell, c’est le surnombre d’ennemis. Le joueur se démotive à mesure qu’il perd et a donc tendance à courir dans tous les sens pour aller à l’essentiel… C’est à dire, ramasser les objets qui brillent sur le sol sans prendre le temps de s’arrêter et foncer au boss. En faisant les donjons dans le bon ordre dès le départ vous pouvez venir à bout de l’aventure en moins de dix heures. Si en revanche vous n’êtes pas habitués aux « Souls Like » et que vous vous engouffrez trop loin dans un donjon « de fin », l’aventure peut très vite devenir un calvaire et vous prendre bien plus de temps que prévu puisque vous devrez « reroll » votre partie pour repartir sur de bonnes bases.
Pour vous donner un ordre d’idée, vous explorez une forêt qui sert de HUB central avec trois donjons à explorer autour de cette forêt. Dans chaque donjon, vous pouvez défier un boss à l’entrée en arrachant la page d’un livre. En cas de victoire, vous pouvez débloquer une nouvelle arme que vous pouvez utiliser avec n’importe quelle enveloppe corporelle. Attention cependant, il n’est pas question d’avoir cela dans l’inventaire. Pour changer d’arme, il faudra utiliser une statue ou revenir au HUB pour sélectionner l’arme avec laquelle vous voulez poursuivre l’aventure. Une autre mécanique de jeu dont nous n’avons pas parlé et qui est intéressante au départ. Lorsque vous ramassez un objet type « consommable », vous ne connaissez pas ses effets. Vous devez utiliser les objets un certain nombre de fois pour vous familiarisé avec les effets. Idée intéressante sur le papier, mais malheureusement qui montre vite ses limites et ennuie le joueur quand il use à tort un objet qui aurait été plus utile ailleurs.
En conclusion Mortal Shell, un bon jeu à faire ?
Mortal Shell vous présente dès les premières minutes de l’aventure de chouettes idées et mécaniques de jeu. On se dit que ça va être vraiment cool. L’idée de jouer un humanoïde qui peut s’emparer des enveloppes corporelles et cette capacité de durcissement, les développeurs tiennent quelque chose qui doit être approfondi dans le futur, si une suite est produite. Pour l’heure, le soft a aussi de très nombreux défauts qui viennent entacher l’expérience… À tel point que ces défauts prennent le dessus par rapport aux autres qualités du soft. Le Level Design en parti en cause, son aspect hasardeux et incompréhensible rend l’exploration totalement affligeante… Si l’ambiance visuelle est très réussie, l’ambiance sonore est en revanche largement en retrait surtout lors des affrontements avec les boss ou les musiques se font difficilement entendre… Rien de très mémorable à ce niveau, malheureusement. À 30 euros, Mortal Shell reste tout de même un bon soft à grignoter en attendant mieux. Nous avons mis une dizaine d’heures pour terminer l’aventure et ses à-côtés, c’était plutôt sympathique. De là à dire que c’est une bonne alternative aux jeux de FromSoftware… Nous pensons qu’il reste du chemin pour y parvenir !