Les joueurs de JRPG pourront en ce mois de juin 2018 jeter leur dévolu sur un certain The Lost Child développé par les équipes de Kadokawa Games / Crim et notamment dirigé par Takeyasu Sawaki le papa d’El Shaddai. Le jeu sort sur PS4, Nintendo Switch et Vita, si vous doutez encore du potentiel de cette production sachez que The Lost Child à piqué notre curiosité et que nous nous sommes lancés dans une longue session de jeu afin de vous proposer un test qui a pour but de vous motiver ou non à franchir le pas et de faire l’acquisition du titre sur votre plateforme de jeu favori.
The Lost Child le Dungeon Crawler qui s’inspire des récits de Lovecraft :
The Lost Child se présente donc comme un Dungeon Crawler, comprenez par là un jeu aux déplacements qui se font case par case dans des donjons labyrinthiques en vue subjective. Tout comme Etrian Odyssey ou Shin Megami Tensei Strange Journey, le jeu de Kadokawa Games inclut un système de combat au tour par tour permettant une dimension plus tactique.
L’oeuvre s’inspire fortement des écrits de Lovecraft, ce qui permet entre autres de retrouver des créatures tout droit sorties de l’imaginaire de Howard Phillips Lovecraft comme Cthulhu ou même de parcourir un donjon totalement annexe qui se nomme R’lyeh Road faisant référence à la cité engloutie où Cthulhu rêve et patiente.
The Lost Child n’en oublie pas ses origines en mettant en avant Lucifel, le guide de Enoch dans El Shaddai Ascension of the Metatron, un archange venu du ciel qui a la capacité de voyager dans le temps, mais aussi de le manipuler. Ce qui permet aux fans de la première heure de rapidement se familiariser avec le jeu.
Le titre mélange plusieurs folklores d’horizons différents et les mixe pour proposer une intrigue qui s’articule sur divinité démoniaque, anges déchus et dieux. Votre rôle ? Incarner Hayato Ibuki, un journaliste spécialisé dans l’occulte et le paranormal qui travaille pour un tabloïd localisé à Shinjuku au coeur de Tokyo.
Hayato Ibuki l’humain choisi par les dieux :
Tout commence dans une station de métro souterraine, alors que Hayato enquête sur les étranges suicides qui touchent diverses stations tout autour de Tokyo, il se retrouve lui même ciblé par une force occulte qui tente de mettre fin à ses jours en le poussant sous un train qui arrive à vive allure. Heureusement pour Hayato, il est sauvé de justesse par une mystérieuse fille qui lui demande de vivre et qui lui tend une mystérieuse mallette.
C’est alors que la vie de Hayato bascule totalement, que l’ange Lua fait son apparition et qui lui explique qu’il a été choisi par les dieux. La mallette renferme le Gangour, une arme mystérieuse capable de capturer les démons et les anges déchus, puis de les utiliser comme partenaires en combat. Il n’en faut pas moins à notre héros pour tenter de percer la vérité sur tous ces mystères en parcourant des donjons souterrains appelés « Layers ».
Tout au long du périple, les joueurs découvriront quelles forces sinistres se cachent dans l’ombre des métros de Tokyo, qui tire les ficelles et quel est le rôle de Hayato en tant qu’élus des dieux. Pour découvrir la vérité, les joueurs doivent donc poursuivre cette enquête sur l’occultisme et parcourir des donjons labyrinthiques armés du Gangour.
Si l’histoire est plutôt bien présentée dans le jeu et qu’elle est intéressante à suivre, le gameplay lui dénote totalement avec le reste. Car nous sommes face à un Dungeon Crawler des plus classiques qui n’invente rien et qui n’ajoute rien à la formule.
The Lost Child des donjons sans fin souffrants d’un manque de profondeur :
Et c’est là tout le problème de The Lost Child, vous errez sans fin dans des donjons gigantesques aux mécaniques classiques qui s’apparentent à « va appuyer sur ce bouton pour ouvrir cette porte » et « ouvre cette valve pour faire descendre le niveau de l’eau ». Et c’est là toute l’essence des donjons, des aller-retour sans fin, des couloirs qui débouchent sur des culs-de-sac, des trous dans le sol qui vous feront descendre d’un étage.
À aucun moment les donjons du jeu n’arriveront à vous surprendre dans le bon sens, tout est classique, ça manque cruellement de génie et d’inventivité. Et ce n’est malheureusement pas les combats au tour par tour du jeu qui arriveront à sauver le soft… Les affrontements aléatoires ne proposent aucun challenge, vous vous empressez de torcher la majeure partie des combats avec une capacité qui frappera tous les adversaires d’une ligne en un coup, ce qui se soldera bien souvent par la fin d’un affrontement. Il n’y a que les combats de boss qui arrivent vraiment à capter l’attention du joueur. Certains boss arrivent en effet à créer des retournements de situation inattendue, ce qui permet un moment de réflexion pour réussir a passer l’épreuve.
Car oui en réalité, les mécaniques mises en place par les équipes de Kadokawa Games devaient pousser les joueurs à opter pour une stratégie gagnante entre le duo humain Hayato / Lua et les astraux qui composent l’équipe. Lua est par exemple en mesure de lancer des chants bénéfiques à l’équipe durant un combat, Hayato lui peut utiliser la jauge de « Burst » en haut de l’écran une fois pleine pour lancer une terrible attaque combinant le pouvoir des monstres présents dans l’équipe. Et c’est sans compter sur le système d’hostilité représenté par un oeil sous chaque membre de la team qui aura pour effet d’agacer les monstres adverses et ainsi fragiliser l’équipe, notez d’ailleurs que si Hayato meurt c’est la fin de la partie. Le jeu vous envoie alors vers Keziah Mason qui vous proposera de soit relancer le combat en payant avec des yens (l’argent du jeu), de revenir juste avant le combat en payant votre accès avec du karma (l’expérience qui fait progresser les monstres astraux) ou de simplement accepter la mort et d’aller en enfer (Game Over).
Malheureusement, malgré toutes les bonnes volontés, ce n’est jamais suffisant The Lost Child n’arrive jamais à briller, car nous devons vous le dire, tout ce que vous affronterez et verrez dans le jeu est fixe et sans aucune animation. Vous devrez faire marcher votre imagination pour réussir à vous projeter dans les situations qui vous sont présentées. Tout à la forme d’un Visual Novel, même quand le jeu tente de vous présenter une scène particulière qui est censée être animé les équipes de Kadokawa Games ont fait le strict minimum pour arriver à un résultat qu’ils ont jugé satisfaisant.
Tout n’est pas à jeter bien sûr, mais ce sont des défauts que le joueur ne peut pas éviter tout au long de l’aventure et qui dénotent avec certains personnages au background intéressant (oubliez Hayato, il est inexistant, mais Lua / Balucia / Lucifel and Co présentent un certain intérêt). D’ailleurs certaines mécaniques sont plutôt bonnes, nous pensons à la fonction d’évolution des astraux au Chodenji de Chinjuku qui n’est pas sans rappeler la licence Shin Megami Tensei. On retrouve d’ailleurs de fortes inspirations à cette série dans la façon de présenter les choses et l’ambiance qui s’en dégage.
Avec un peu plus de travail, des donjons plus passionnants à parcourir, The Lost Child aurait offert un meilleur intérêt aux joueurs sur la longueur. À réserver à un public averti en manque de JRPG. Et pour ceux qui se le demandent encore, non The Lost Child n’est pas traduit en français.