Après avoir réussi à écouler plusieurs millions d’exemplaires du jeu Persona 5 et sa réédition « Royal » à travers le monde, il était évident que les équipes d’Atlus n’allaient pas en rester là après avoir réussi à ouvrir la série Persona à un plus large public. Un nouvel épisode a donc été annoncé pour une sortie prévue au 23 février 2021 (avec un accès anticipé pour ceux qui se sont procuré la version Deluxe) et pour satisfaire tout le monde, les voleurs fantômes s’exportent pour atterrir sur plusieurs supports. Persona 5 Strikers sort en effet sur PlayStation 4, Nintendo Switch et même sur PC. Nous avons pour notre part testé le jeu dans sa version PS4. Il faut savoir que Persona 5 Strikers est la suite du jeu original et non de la réédition qui est sortie en mars 2020 chez nous et qui a profité d’un contenu enrichi.
Si vous avez terminé la version « Royal » de Persona 5 avec son trimestre supplémentaire et ses quelques personnages bonus, vous pouvez les oublier, car Persona 5 Strikers fait comme-ci tout ceci n’avait jamais existé et pour une bonne raison à vrai dire puisque le développement du jeu était déjà bouclé (ou presque) avant même la sortie de l’édition « Royal ». Connu sous le nom de « Persona 5 Scramble The Phantom Strikers » au Japon, le jeu arrive avec un an de retard dans nos contrées tout en perdant un morceau de son sous-titre au passage pour devenir simplement Persona 5 Strikers. Bien que se présentant comme un spin-off, Strikers est aussi la suite directe de Persona 5, le scénario se déroule quelques mois après les faits du JRPG que tout le monde connait désormais. Le récit prend place six mois après les événements du jeu Persona 5 initial, on y retrouve Joker et la joyeuse troupe des voleurs fantômes s’imaginant qu’ils vont pouvoir s’offrir un peu de bons temps. Mais évidemment, les choses ne vont pas vraiment se passer comme ils l’entendent avec une nouvelle menace qui ne tardera pas à frapper les obligeant à reprendre du service.
Les palais ne sont plus à la mode, faites place aux prisons :
Les voleurs fantômes vont devoir voyager à travers le Japon pour découvrir pourquoi le cœur des gens change soudainement et comprendre ce que sont réellement les prisons qui semblent ne pas répondre aux mêmes fondamentaux que les palais qu’ils exploraient auparavant. Il faut savoir que contrairement aux palais de Persona 5, il n’y a pas de limitation dans le temps pour explorer une prison, il est possible de prendre tout son temps et même de sortir autant qu’on le souhaite sans la moindre incidence. Alors que dans Persona 5 on vous imposait une limite de temps pour boucler un donjon, vous pouvez revenir dans le monde réel dans Strikers pour vous refaire une santé en passant par la case magasins et vous refaire un stock de potions avant de reprendre votre exploration d’une prison sans que les jours passent. De même, si un palais s’écroulait à la fin de Persona 5 vous empêchant d’y revenir une fois que vous aviez libéré le coeur de son hôte, dans P5 Strikers vous pouvez revenir et explorer librement les prisons que vous avez déjà visitées. Grâce à l’application EMMA et la nouvelle recrue des voleurs fantômes connue sous le nom de Sophie / Sophia il est possible de revenir dans n’importe quel donjon du jeu, peu importe où les héros se retrouvent au Japon.
Et il faudra assez souvent revenir explorer les anciens lieux pour terminer toutes sortes de requêtes que Joker recoit sur son téléphone. En effet, certaines victimes des monarques ne sont jamais vraiment guéris même après l’intervention des voleurs fantômes ce qui nécessite une seconde intervention pour libérer les « désirs » qui se retrouvent toujours bloqués dans une prison, un bon prétexte pour les développeurs de pouvoir inonder le joueur d’une succession de quêtes secondaire pour faire trainer l’aventure en longueur. Car contrairement à Persona 5, l’histoire principale de Strikers se boucle bien plus rapidement, il est possible d’arriver à la fin du récit en une trentaine d’heures sans s’occuper des à-côtés. La différence entre les deux jeux, c’est que dans Strikers on ne prend pas vraiment le temps de connaitre sa cible et le jeu suit toujours le même rythme à vrai dire. Vous arrivez dans un lieu, la bande de héros commence à s’intéresser à un personnage en particulier qui leur parait étrange et qui pourrait être le monarque d’une prison et une petite phase d’enquête se lance ou vous devez interroger les citadins qui se trouvent sur les lieux. Souvent, Joker et sa bande détectent le comportement étrange des gens ce qui les conforte dans l’idée que leurs désirs ont surement été volés par la cible qu’ils visent. Les gens qui se sont fait voler leurs désirs par un monarque deviennent comme des zombies qui perdent tous leurs repères allant jusqu’à claquer tout leur argent pour la vedette qu’ils vénèrent.
Il leur suffit ensuite d’obtenir le mot clé permettant de voyager jusqu’à la prison du monarque via l’application EMMA et vous voilà à parcourir un nouveau donjon sur un thème propre qui se rapproche de la personnalité excentrique de la cible des voleurs fantômes. Le jeu s’amuse des codes avec une version pour adulte de Alice aux pays des merveilles, ou se moque des clichés dans les jeux vidéo d’aventure et les romans burlesques. Chaque prison a un thème bien précis, bien que la plupart des donjons du jeu se déroulent toujours de la même façon… Vous atteignez trois tours, vous vous emparez d’objets clés qui vont vous permettre d’entrer dans le lieu principal où se cache le maitre des lieux et vous décidez d’envoyer une carte de visite au monarque pour lui reprendre les « désirs » qu’il a volé à ses victimes. Il n’est pas nécessaire d’avoir terminé le récit de Persona 5 pour apprécier cette suite, mais il est tout de même recommandé d’avoir déjà bouclé une bonne partie de l’aventure, ne serait-ce que pour savoir qui sont les voleurs fantômes et ce qu’ils font. Car Strikers n’hésite pas à lâcher quelques petits spoilers au cours de ses nombreux dialogues à la vue du joueur comme si de rien n’était…
Gameplay réussi, combats dynamiques, on y retrouve toutes les mécaniques bien huilées de Persona 5 :
Si les donjons du jeu se montrent assez classiques dans ce qu’ils proposent, la faute à une structure trop similaire entre chaque nouvelle cible des voleurs fantômes, le gameplay est vraiment réussi avec des combats en temps réel qui reprennent toute la saveur des affrontements au tour par tour du jeu d’origine. Les équipes d’Oméga Force ont réalisé un véritable tour de force pour transposer tout ce qui était bon dans Persona 5 et l’adapter à la sauce Muso ou l’on cogne sur les hordes d’ennemis dans une action frénétique. Et dites-vous bien que la similitude avec les productions de type Warriors/Muso s’arrête ici, car on est en fait plus dans une production de type action-rpg. Au lieu de grands champs de bataille des Warriors/Muso en général, vous explorez de grands donjons ou tout comme dans Persona 5, vous devez faire attention à ne pas trop faire monter la jauge de sécurité au risque de vous faire expulser de la prison et vous retrouver dans le monde réel. Vous devez user des éléments du décor pour vous percher en haut des lampadaires, en haut des toits des voitures et des bus et arracher le masque de vos futurs adversaires au moment ou ils s’y attendent le moins pour déclencher un combat.
Il y a les groupes d’ennemis qui servent de chair à canon et il y a des ennemis bien plus redoutables qui vous obligent à exploiter à fond les forces et faiblesses de chaque Persona, il n’est pas rare de tomber sur un os dans Strikers et de se prendre une raclée mémorable en étant mal préparé même en difficulté normal. Nous trouvons d’ailleurs le jeu plutôt bien équilibré, ni trop dur ni trop facile, juste ce qu’il faut pour vous rappeler à quel point il est important d’avoir une équipe bien préparé. Les combats sont en temps réel, vous portez vous même les coups et vous avez la possibilité d’utiliser une pause active en appelant une Persona de Joker ou d’un autre membre de votre équipe pour analyser les forces et les faiblesses de chaque monstre présent dans la zone de combat qui pourraient fragiliser les défenses du groupe. Au cours des affrontements du jeu, vous pouvez incarner n’importe quel membre des voleurs fantômes bien que Joker reste le leader. Vous pouvez choisir quatre personnages en combat et même faire une rotation des membres quand vous vous retrouvez à un checkpoint à un donjon.
Chaque personnage jouable a quelque chose d’unique qui le rend intéressant et surtout amusant dans les combats. Vous pouvez très facilement switcher entre les membres de l’équipe via une simple touche qui leur est attribué, ce qui permet d’effectuer un relais et de prendre instantanément le contrôle du personnage que vous avez choisi d’incarner. À noter que la plupart des actions dans le jeu vous font gagner des points de lien qui renforce votre amitié avec les autres membres des voleurs fantômes essayant de rappeler le Social Link de Persona 5. Le but ici est de remplir la jauge pour gagner des niveaux de liens et obtenir des points de compétences que vous pouvez ensuite utiliser pour obtenir divers atouts lorsque vous explorer les donjons du jeu et pendant les affrontements.
Une dernière chose à noter, la bande-son du jeu est absolument exceptionnelle et certains thèmes vont passer en boucle dans votre tête pendant de longues semaines sans jamais en sortir. En revanche, si le jeu se montre correct visuellement pendant les phases d’exploration des prisons, certaines scènes statiques font peine à voir, notamment à cause d’un alisasing beaucoup trop présent. Vous avez beau switcher du mode performance au mode graphisme, il n’y a pas d’amélioration significative à ce niveau. Nous avons joué au jeu dans sa version PS4 sur une PS5, et on a pas mal été gêné par l’effet d’escalier autour des personnages qui est omniprésent.
★ En conclusion, Persona 5 Strikers une bonne suite ?
Persona 5 a tellement mis la barre haute à sa sortie qu’il est évident que cet épisode « spin-off » faisant office de suite ne peut pas être aussi bon. Mais en mettant de côté l’incroyable récit et le contenu d’un des meilleurs JRPG de sa génération, Persona 5 Strikers s’en sort plutôt bien dans ce qu’il propose. On prend évidemment plaisir à découvrir la suite de l’histoire là où elle s’était arrêtée et à retrouver tous les personnages auxquels on s’est attaché pendant des dizaines d’heures. Le jeu possède une bande-son entrainante, un gameplay aux petits oignons avec des combats en temps réel qui reprennent parfaitement ce qui faisait la force du système au tour par tour de Persona 5. Les équipes d’Oméga Force ont fait un excellent travail pour combiner avec succès les différentes facettes du jeu à la sauce Muso pour finalement nous sortir un Action-Rpg rapide et nerveux à l’ambiance anime japonais qui ne laisse pas indifférent. Si vous avez apprécié Persona 5, alors nul doute que vous prendrez un réel plaisir à découvrir cette suite comme nous avons grandement apprécié parcourir cette nouvelle aventure des voleurs fantômes.