Persona 3, initialement sorti sur PlayStation 2 il y a plus de 16 ans puis dans une réédition PSP (la console portable de Sony à ne pas confondre avec le PlayStation Portal pour les plus jeunes) quelque temps plus tard, nous revient aujourd’hui dans un remake flambant neuf qui offre aux nouveaux joueurs comme aux anciens l’opportunité de (re)découvrir le jeu sous les meilleurs auspices. Avec Reload, Sega et Atlus s’efforcent de perpétuer la légende de ce JRPG qui a fait les beaux jours de la PS2 / PSP en nous proposant ce qui semble être sa version ultime. Persona est avant tout une déclinaison de la franchise moins connue d’Atlus, appelée « Shin Megami Tensei ». Après deux opus numérotés de Persona qui suivaient l’orientation de cette série plus sombre et plus complexe, Atlus a tenté avec Persona 3 d’élargir l’audience en retravaillant l’esthétique et en accordant une importance majeure à la dimension sociale du jeu plutôt qu’aux combats. Au fil des années et des épisodes depuis ce troisième volet, la série Persona est passée d’un jeu de niche, connu seulement d’une certaine catégorie de joueurs, à quelque chose de bien plus populaire, comme en témoigne le succès de Persona 5, un titre qui s’est tout de même vendu à plus de 9 millions d’exemplaires dans le monde.
Il semble donc judicieux pour Atlus et Sega de capitaliser sur cette réussite en proposant un remake de Persona 3 qui s’éloigne à nouveau de l’aspect sombre d’un « Shin Megami Tensei » pour mieux s’inscrire dans l’ambiance « cool » qui a popularisé la série avec Persona 5. C’est donc depuis le 2 février 2024 qu’il est possible de (re)vivre cette grande aventure sur consoles PlayStation, Xbox et PC avec des graphismes de pointe, des fonctionnalités modernisées et une interface utilisateur élégante. Sega m’a fourni une copie du jeu (merci à eux) qui me permet aujourd’hui de vous en faire un test (j’ai testé la version Xbox Séries X). J’y ai consacré pas mal de temps, plus de 80 heures, il est temps de vous donner mon ressenti sur le jeu. Notez que je sortais tout juste d’un autre gros RPG de Sega, Like A Dragon Infinite Wealth. C’est deux jeux longs qui demandent de l’investissement, j’ai accumulé un peu de fatigue ce qui explique le rythme de publication ralenti sur le site.
L’histoire de Persona 3 se concentre sur un groupe d’adolescents appelés les « SEES » qui ont la capacité de manifester leur « Persona », une manifestation intérieure de leur esprit qui leur confère des pouvoirs spéciaux. Ils sont chargés de combattre des entités mystérieuses appelées « Shadows » (ombres) qui apparaissent pendant une période appelée « Dark Hour » (l’heure sombre), une heure cachée entre un jour et le suivant qui démarre donc pile à minuit. Le protagoniste, que le joueur nomme comme bon lui semble, est un nouvel étudiant transféré au lycée Gekkoukan qui rejoint les SEES et doit enquêter sur les mystères entourant les Ombres et cette fameuse heure sombre. Pendant cette heure, seuls ceux qui ont le potentiel peuvent se rendre compte de ce qu’il se passe. Tous les autres inconscients de cette réalité qui existe dans le jeu se retrouvent dans des cercueils et ne se souviennent pas que cela leur est arrivé le lendemain. Notre groupe étant des ultisateurs de personae, ils sont évidemment immunisés contre cela. Pour invoquer une Persona, nos héros ont besoin d’un évoker, qui prend ni plus ni moins la forme d’un pistolet que le groupe se met sur la tempe avant de faire feu pour ressortir cette manifestation intérieure. Notre héros à une caractéristique spéciale par rapport aux autres utilisateurs de personae, il est capable de contrôler différentes entités, ce qui le rend très spécial aux yeux des autres. Comme pour tout jeu Persona numéroté, vous n’avez pas besoin de jouer aux Persona précédents pour comprendre ce qui se passe dans celui-ci, c’est une histoire totalement autonome.
Le jeu combine des éléments de jeu de rôle traditionnel avec des simulations de vie quotidienne. Pendant la journée, vous passez votre temps à gérer la vie quotidienne du protagoniste, y compris ses interactions sociales avec les autres personnages, ses études à l’école et ses loisirs. Pendant la nuit, les SEES explorent un unique donjon appelé « Tartare ». Ce donjon se présente comme une mystérieuse tour labyrinthique remplie d’ombres que vous combattez et qui gagnent en puissance à mesure que vous progressez dans les étages et que vous progressez dans l’histoire. Chaque jeu Persona est construit autour d’un thème particulier, dans Persona 5 par exemple les protagonistes luttent contre l’injustice, tandis que ce troisième opus de la licence aborde un thème très sombre sur la vie et la mort.
Bien que le remake soit globalement excellent dans tout ce qu’il offre, il y a un élément qui ternit le résultat, tout comme c’était le cas à l’époque sur PS2. La principale faiblesse de Persona 3 réside justement dans Tartare, qui est peu intéressant à parcourir. Les premiers étages se déroulent relativement bien, mais à mesure que vous progressez dans le jeu et que vous réalisez que tout tourne autour de ce donjon et de son ascension, un sentiment de redondance s’installe. Les joueurs familiers avec le jeu original n’auront aucun mal à l’accepter, mais ceux qui découvrent Persona 3 aujourd’hui après avoir peut-être joué aux 4e ou 5e opus de la série auront du mal à adhérer à ce donjon labyrinthique qui semble avoir manqué d’ambition dans sa refonte. J’aurais pensé que Atlus y aurait apporté plus de soin dans ce remake pour réussir à casser la monotonie qui s’installe après avoir traversé plus d’une centaine d’étages qui se ressemblent tous. Ce qui marchait à l’époque de la PS2 n’est peut-être plus aussi pertinent aujourd’hui. Vous parcourez des dizaines d’étages visuellement similaires, où chaque pièce est conçue comme dans un dungeon crawler d’antan, avec des combats réguliers. À chaque nouvelle incursion, la disposition change et les pièces sont générées dynamiquement alors que vous progressez. Malheureusement, mis à part l’ouverture de coffres, la chasse de quelques ombres rares ou l’exploration occasionnelle de portes spéciales pour vaincre des ombres plus redoutables et obtenir des récompenses précieuses, Tartare offre peu d’éléments vraiment captivants.
De plus, Atlus a décidé d’éliminer les mécaniques qui limitaient notre présence à l’intérieur, tout comme c’était le cas sur PS2. Adieu à la fatigue de nos alliés, qui influençait grandement notre décision de continuer l’ascension ou non. Désormais, vous pouvez simplement décider de consacrer une soirée de jeu à avancer jusqu’au point où votre progression est bloquée. En effet, lorsque vous atteignez certains paliers, vous devez sortir du donjon et poursuivre vos activités en journée jusqu’à ce qu’un événement majeur se déclenche, provoquant un changement dans Tartare et vous permettant ensuite de continuer à traverser des dizaines d’étages jusqu’à la fin du jeu. Car oui, comme précisé, ce donjon n’est pas optionnel et fait partie intégrante de l’histoire. Malgré la présence de coffres spéciaux que vous pouvez seulement ouvrir avec des « fragments de crépuscule » et d’ennemis puissants, cela ne suffit pas. Ce donjon fait vite office de formalité ou un passage obligé de l’histoire que vous souhaitez achever dès que possible jusqu’à ce que vous atteigniez la prochaine limite d’étage, vous obligeant à sortir et à reprendre vos activités en journée. Atlus a bien tenté d’ajouter quelques éléments pour inciter le joueur à passer plus de temps dans ce donjon, comme des missions de secours et de petites activités secondaires où vous devez extraire une personne du donjon avant une date butoir, mais même ces activités ne fournissent pas la variété nécessaire pour susciter un réel intérêt pour ce donjon hautement répétitif. La plupart du temps, lorsque vous devez secourir une personne dans Tartare, vous courez d’étage en étage jusqu’à les atteindre, puis vous les sauvez avant de quitter le donjon.
Heureusement, Persona 3 possède également de nombreux points forts qui peuvent captiver toute votre attention, parvenant à éclipser son plus gros défaut. Ce jeu a un pouvoir d’attraction tel que vous pouvez y passer des heures sans pouvoir vous arrêter (sans parler de la bande-son qui accompagne le tout qui absorbe votre âme). Tout est si bien équilibré que vous avez simplement envie de continuer à jouer et de découvrir la suite. La principale force réside dans le système de combat du jeu, qui est tout simplement extraordinaire. Toujours basés sur un système de tour par tour, les combats ont été nettement améliorés par rapport à la version PS2. Premièrement, vous pouvez désormais contrôler directement les actions de vos coéquipiers, et deuxièmement, des éléments stratégiques ont été ajoutés, comme la possibilité de transmettre l’action à un coéquipier lorsque vous réussissez une action critique ou que vous touchez le point faible d’un adversaire, à la manière de Persona 5. Si vous avez déjà joué à un jeu Persona auparavant, vous savez que les combats nécessitent toujours de chercher à trouver le point faible de votre adversaire pour prendre l’avantage. Lorsque vous touchez un point faible, vous gagnez immédiatement un tour, tandis que l’ombre que vous combattez est étourdie. Lorsque tous les ennemis sont à terre, vous pouvez exécuter une action Rush, où tous vos alliés foncent droit vers les cibles à terre pour infliger un maximum de dégâts. Vos personnages ont également des faiblesses, et lorsque l’ennemi les exploite, c’est vous qui vous retrouvez en difficulté. Parfois en fin de combat, vous pouvez titrer une carte qui vous donne des bonus intéressants ou un nouveau Persona ou aussi une carte d’arcane majeure qui vient faciliter votre progression dans Tartare. J’ai trouvé l’expérience globale moins difficile que l’opus PS2 en difficulté « normale ». Mais, le jeu propose différents niveaux de difficulté pour s’adapter à tous les types de joueurs, que vous cherchiez simplement à découvrir l’histoire, à relever un défi supérieur, ou un mélange des deux. Bon, je vous passerais le passage ou vous faites un tour dans la Velvet Room, là où se trouvent Igor et sa servante qui vous permettent de fusionner de nouvelles Personae. Si vous avez déjà touché à la licence, vous connaissez le système et si c’est votre premier vous ne tarderez pas à découvrir ce système. Quoi qu’il en soit, le nombre de créatures que vous pouvez créé / invoquer est assez impressionnant.
Comme mentionné précédemment, Persona 3 est un titre originaire du catalogue de jeux PlayStation 2. À cette époque, une version étendue intitulée « Persona 3 FES » avait vu le jour (comparable à un DLC, mais à l’époque, le contenu supplémentaire était inclus directement sur la galette, une pratique qui a de quoi vous rendre nostalgique aujourd’hui). Cette réédition FES proposait un nouvel épilogue prolongeant l’histoire principale et apportait diverses améliorations de gameplay. Ensuite, « Persona 3 Portable » a fait son apparition sur la PlayStation Portable (PSP). Cette version offrait plusieurs améliorations par rapport à l’original et même à FES, comme la possibilité de jouer en tant que personnage féminin, de nouveaux liens sociaux et des ajustements de gameplay. Cependant, en raison des limitations matérielles de la PSP, certains aspects du jeu avaient été simplifiés par rapport à la version PS2, notamment les environnements en 3D que l’on pouvait visiter en dehors de Tartare. Persona 3 Reload s’inspire davantage de la version PS2 en omettant la plupart des éléments de la version portable, mais contrairement au jeu sur PS2, il permet désormais de contrôler directement ses alliés lors des phases de combat, ce qui ajoute une bonne dose de stratégie.
Parmi les autres nouveautés de ce remake, on retrouve d’importantes améliorations de la qualité de vie et des fonctionnalités, notamment des fonctionnalités réseau désormais intégrées. Si vous êtes un peu incertain de ce qui se passe pendant la journée dans Persona 3, vous pouvez simplement appuyer sur un bouton de votre manette pour ouvrir un menu qui vous indique les actions effectuées par d’autres joueurs au même moment dans le jeu, selon la période où vous vous situez sur le calendrier de l’histoire, rappelant que l’intrigue se déroule sur une année scolaire. Cela s’avère pratique pour situer votre progression par rapport aux autres joueurs, vous permettant par exemple de connaître le niveau moyen des joueurs à ce stade. Ils ont également ajouté une fonctionnalité empruntée à Persona 5 : le téléphone. En appuyant sur le bouton carré, vous ouvrez votre téléphone et accédez à une multitude de messages de divers personnages, comme Kenji, Yuko, etc., ou aux menus spéciaux des magasins et restaurants. Cela vous permet de gagner du temps, en vous téléportant instantanément vers l’événement de votre choix d’une simple pression de touche. Le jeu est toujours aussi long puisque j’ai passé 80 heures pour en venir à bout. Cependant, il faut tenir compte du contenu annexe qui s’intègre parfaitement au contenu principal. J’ai accompli près d’une centaine de requêtes pour Elizabeth, la servante d’Igor, et complété le compendium de Personae à plus de 90%. Mes personnages étaient tous niveaux 90 à la fin du jeu, et j’avais quasiment achevé tous les liens sociaux avec les différents personnages du jeu, rappelons que le gameplay est axé sur la socialisation. En investissant du temps dans l’établissement de liens sociaux durant la journée, vous progressez en rangs, ce qui facilite ensuite la fusion de nouveaux Personas. En fusionnant ces nouveaux Personas, vous pouvez utiliser l’expérience acquise grâce au mécanisme des Liens sociaux pour renforcer ces nouvelles entités dans votre équipe.
En conclusion, Persona 3 Reload un remake de grande qualité ?
Persona 3 Reload est indéniablement la meilleure manière de (re)vivre la légende de Persona 3 aujourd’hui. Cette version a permis aux développeurs de reconstruire le jeu à partir de zéro tout en préservant l’essence originale, en l’adaptant à un moteur de jeu moderne et en y intégrant toutes les améliorations visuelles et de qualité de vie que l’on a pu apprécier dans Persona 5. Bien que la disparition du contenu étendu des éditions FES et de la version portable puisse être décevante, elle est compensée par l’ajout de nombreuses nouvelles scènes et interactions avec les personnages de notre groupe, ainsi que par le renouvellement de la bande-son avec des pistes inédites qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble. Cependant, malgré les qualités évidentes du titre, on ne peut pas vraiment le considérer comme la version ultime de Persona 3 justement en raison de la perte du contenu étendu de l’édition FES ou de certains ajouts de la version portable qui étaient appréciés à l’époque. Les joueurs familiarisés avec ces versions antérieures peuvent avoir du mal à l’accepter. Sega et Atlus ont manqué l’occasion de trouver le juste équilibre pour donner l’impression qu’il s’agit vraiment de la version ultime du jeu. Il est probable que « The Answer », le segment d’histoire de l’édition FES, soit vendu ultérieurement en tant que contenu supplémentaire, mais il aurait été plus judicieux de l’inclure directement dans ce remake pour donner aux joueurs qui ont découvert Persona 3 à l’époque de la PS2 l’impression qu’ils ont entre les mains la version définitive. Malgré cela, retrouver Persona 3 dans cette forme olympique avec des visuels si attrayants est un vrai plaisir. Bien que l’on perde le côté sombre et mystérieux de la série Shin Megami Tensei dont elle est issue, cette esthétique plus joyeuse et colorée convient bien à la licence Persona qui continue à évoluer dans la bonne direction. C’est véritablement un incontournable de ce début d’année 2024. Si vous êtes intéressé par Persona 3 Reload, il est disponible dès maintenant sur Xbox Game Pass, Xbox Series X et S, Xbox One, PC Windows, PlayStation 5, PlayStation 4 et Steam, à découvrir ou redécouvrir reconstruit avec des graphismes de pointe.