Fate est une série qui a débuté en 2004 avec un visual novel PC intitulé Fate/stay night. Par la suite, elle s’est déclinée en anime et en de multiples jeux vidéo, connaissant un succès certain au Japon et s’étendant progressivement à travers le monde. Notamment avec la sortie du Gacha mobile Fate/Grand Order, un free-to-play apparu en 2015 qui a fait son petit effet. ce qui est intéressant c’est que toutes les sorties en rapport avec cette série alimentent une sorte de « Fateverse ». Fate/Stay Night, l’épisode originel met en avant sept maitres qui invoquent sept Serviteurs (qui sont des incarnations de grands esprits héroïques de l’histoire) pour s’affronter et conquérir le Saint Graal, un objet magique capable d’exaucer n’importe quel vœu.
Pour enrichir cet univers, il y a désormais Fate/Samurai Remnant, disponible depuis le 29 septembre 2023 sur PlayStation 4 et 5, Switch et PC. Après avoir investi de nombreuses heures dans ce jeu, il est temps de faire un bilan et de vous proposer un test. Fate/Samurai Remnant est développé par l’équipe d’Omega Force, studio bien connu pour ses jeux musou en collaboration avec TYPE-MOON et Aniplex Inc.
★ Note – Dans ce test, nous éviterons au maximum les spoils, on parlera principalement du début de l’histoire en esquivant les éléments clés pour ne pas vous gâcher des surprises, on s’attardera aussi sur les différents systèmes du jeu, mais nous ferons attention de ne pas parler des choses les plus importantes, car le jeu offre quand même son lot de surprises.
Fate/Samurai Remnant se déroule dans la quatrième année de l’ère Keian (1651) pendant la période Edo (après la fin de l’ère Sengoku). On y incarne Miyamoto Iori, un talentueux bretteur et fils adoptif / disciple du légendaire épéiste Musashi Miyamoto, qui se trouve soudainement plongé dans un conflit connu sous le nom de « Rituel de la lune », où sept maîtres et leurs serviteurs s’affrontent pour réaliser leurs vœux, Iori invoquant sans le savoir le Servant Saber (une mystérieuse héroïne qui refuse de dévoiler sa vraie identité) après qu’une mystérieuse marque soit apparue sur sa main. Les développeurs ont choisi Iori comme personnage principal pour permettre à ceux qui découvrent cet univers de comprendre les tenants et aboutissants de ce rituel, même s’ils ne sont pas familiers avec la licence Fate et ses Guerres du Saint-Graal. Iori est un personnage neutre qui se retrouve plongé dans une bataille qu’il ne comprend pas vraiment, ce qui en fait un excellent point d’entrée pour les nouveaux venus dans la série Fate. L’histoire est très bien écrite, dans la lignée du visual novel Fate/stay night et va jusqu’à impliquer le joueur en lui faisant prendre des décisions qui peuvent changer le cours des évènements, menant ainsi à plusieurs fins différentes : le jeu est composé de six chapitres et le dernier changera complètement en fonction des choix effectués, ce qui offre un certain niveau de rejouabilité.
L’aventure est longue, il faut environ 40 heures pour terminer une partie, et le jeu vous permet ensuite de recommencer avec un New Game Plus en important tous les progrès réalisés dans la partie précédente, vous permettant de conserver les niveaux acquis par Iori et Saber, les objets et les quêtes secondaires terminées. À mesure que vous rencontrez d’autres serviteurs et leurs maitres ou de personnages en particulier, vous avez accès à des quêtes secondaires spéciales appelées « digressions » dans le jeu (qui disparaissent si vous ne les faites pas rapidement), permettant de combattre un redoutable adversaire ou vous offrant un point de vue différent sur l’histoire. Les développeurs ont été assez malins pour vous pousser à partir sur un deuxième parcours en incluant de nouveaux monstres uniques à affronter en New Game Plus, et de nouvelles digressions (quêtes secondaires qui apparaissent au fil des chapitres) qui permettent d’explorer davantage l’histoire d’autres personnages secondaires.
Cependant, malgré tous les efforts déployés pour rendre l’univers du jeu accessible aux nouveaux venus, l’éditeur n’a pas jugé nécessaire de proposer une version française du jeu. Cela peut poser des problèmes à certains joueurs, car tous les textes sont en anglais tandis que les voix sont en japonais. De plus, le jeu utilise parfois des termes complexes, notamment au début, où de nombreux personnages fournissent une grande quantité d’informations sur la guerre, les serviteurs et tout ce qui concerne cet univers. Le jeu est très bavard, et sans une connaissance suffisante de l’anglais, il est facile de se sentir rapidement perdu et de ne plus rien y comprendre.
On reconnaît rapidement la patte d’Omega Force lorsque les premiers combats arrivent, avec un gameplay de type musô dans l’âme, à la manière de Dynasty Warriors. Des dizaines d’ennemis foncent vers vous pour en découdre, la masse servant principalement de chair à canon pour recharger vos sorts magiques et augmenter la synergie avec votre servant en vue de déclencher des coups dévastateurs. Cela vous permet de mieux gérer les ennemis plus coriaces qui se trouvent parmi la masse et qui demandent, en revanche, un peu plus de réflexion pour être éliminés. Pour ces combats nécessitant de la stratégie, et pas seulement de la découpe à la chaîne, vous pouvez passer d’une posture de combat à l’autre, chacune étant unique. Par exemple, la posture de l’eau est un style de combat servant principalement à affronter de grandes foules d’ennemis et à maintenir un certain contrôle de la bataille en cours, tandis que la posture de la terre est plus adaptée aux combats en un contre un, à un rythme plus lent et réfléchi (d’autres postures se débloquent au fil de la progression).
Afin de vous encourager à varier vos postures, le jeu intègre un système qui vous octroie des bonus de dégâts ou de rapidité lorsque vous passez à une autre posture, visible lorsque de petites sphères d’énergie commencent à entourer Iori. Comme mentionné précédemment, vous avez également des sorts magiques à gérer, dont quatre peuvent être équipés à la fois. Ces sorts nécessitent une énergie spécifique acquise en tuant certains ennemis, évitant ainsi que le joueur ne spamme les sorts magiques à distance. L’histoire met en lumière une grande différence de puissance entre Iori et son servant Saber, ce qui se ressent en combat. En augmentant la synergie entre les deux, il devient possible de demander au servant d’exécuter des coups spéciaux, ce qui s’avère pratique pour briser la barrière d’un ennemi ou pour décimer rapidement des troupes. Le serviteur agit seul, mais peut interagir avec Iori par le biais d’attaques combinées. En tant que compétence ultime, il est parfois même possible de prendre le contrôle du servant pour un court instant et ainsi déployer toute sa puissance.
Les combats de Fate/Samurai Remnant sont l’une des principales forces du jeu. On passe de l’épée à la magie avec aisance, on change de posture à la volée, déclenche les capacités latentes du serviteur avant de le prendre directement en main comme une « attaque ultime » pour briser les boucliers des ennemis les plus forts. Le tout en esquivant les coups au bon moment pour créer une ouverture et riposter, laissant inévitablement les cadavres des dizaines d’ennemis que l’on affronte simultanément dans notre sillage. Les combats de Fate/Samurai Remnant sont un réel plaisir. Le système est d’une grande richesse et s’enrichit au fur et à mesure de votre progression dans l’aventure, notamment avec des mécaniques de RPG qui vous permettent d’améliorer l’équipement de Iori, d’accumuler des points d’expérience pour gagner des niveaux et des points de compétences qui permettent de débloquer de multiples talents dans les arbres de compétences de Iori, mais aussi de Saber. Notez que le jeu offre plusieurs niveaux de difficulté allant de « facile à difficile » permettant ainsi de s’adapter aux attentes de tous les joueurs. Nous avons joué notre partie en normal, et nous avons trouvé que les combats éteint vraiment bien équilibrés. Quand un ennemi est annoncé comme puissant, il faut s’attendre à voir apparaitre de temps en temps l’écran de Game Over quand un combat est mal mené.
Nous avons mentionné « Dynasty Warriors » plus haut, mais dans les faits, on en est assez loin. Le titre est en tout point un action RPG. Même si les combats impliquent souvent de trancher dans la foule, il y a une bonne part d’exploration dans Fate/Samurai Remnant. Vous avez accès à une carte d’Edo (ancien nom de Tokyo) et vous pouvez vous déplacer de ville en ville. le monde de Fate/Samurai Remnant est assez vaste, avec plus d’une vingtaine de zones à parcourir représentant les différents quartiers de l’ancienne Edo. Le jeu dispose d’ailleurs de graphismes dans un style anime qui nous plonge dans des décors magnifiques du Japon de cette ère (on joue sur PS5). On regrettera quand même que la plupart des lieux que vous explorez dans le jeu ai ce côté si labyrinthique. Les cartes sont très statiques, divisées en couloirs et en grandes zones, avec un certain recyclage des assets, une spécificité des musou d’Omega Force. Chaque zone dispose de magasins pour acheter des objets et de la nourriture. L’exploration des zones est libre, au détour d’une ruelle, il n’est pas rare de vous faire attaquer par un groupe d’ennemi ce qui déclenche un affrontement. Vous pouvez vous arrêter pour caresser des chiens et des chats, ce qui a pour effet de restaurer un peu de vos points de vie et contribue à remplir certaines tâches annexes menant à des récompenses dans chaque lieu exploré. Le jeu propose aussi quelques mini-jeux, comme le nettoyage de votre épée par exemple, où vous devez appuyer sur un bouton au bon moment quand deux cercles bleus se chevauchent, la réussite vous permettant de gagner de l’expérience supplémentaire pour un certain nombre de combats.
Le jeu intègre aussi des batailles spéciales qui sont en fait une sorte de jeu de plateau dans le jeu lui-même ou la stratégie à une grande part d’importance pour espérer gagner. Heureusement, les premiers affrontements sur plateau font office de tutoriel, vous guidant au travers les batailles pour bien vous faire comprendre le fonctionnement. Ces batailles se livrent sur une carte alternative d’Edo, vous devez calculer chaque mouvement à l’avance, non seulement les votre, mais aussi ceux de vos adversaires. Pour vous la faire courte, vous pouvez voir la source d’énergie de vos adversaires (et aussi la vôtre) sur le plateau et votre but est de couper la connexion d’un ennemi avec sa source, pour l’éliminer sans combattre. L’inverse est aussi possible, d’où l’importance de surveiller sa propre source d’énergie. Les déplacements se font au tour par tour et nécessitent une bonne concentration. L’expérience offerte par Fate/Samurai Remnant se veut vraiment complète.
En conclusion, Fate/Samurai Remnant, une bonne expérience de jeu ?
En entamant notre périple dans Fate/Samurai Remnant, nous ne nous attendions vraiment pas à découvrir un jeu d’une telle envergure. Bien loin d’être un simple produit destiné avant tout aux fans qui connaissent la licence, les équipes ayant œuvré à son développement ont soigneusement sélectionné les éléments centraux de la saga à incorporer, offrant ainsi aux connaisseurs et aux novices une expérience riche et complète que tout le monde peut apprécier. Le jeu gagne considérablement en intérêt au fil des heures, grâce à l’introduction de nombreux personnages et à l’évolution progressive d’un système de combat de plus en plus complexe. Sans oublier les affrontements de boss qui souvent se transforment en batailles mémorables. Le jeu bénéficie également d’une très belle direction artistique, où chaque nouveau lieu découvert suscite l’émerveillement notamment grâce aux détails soignés et à l’attention portée à cet univers de l’ancienne Edo. Cependant, il convient de noter quelques lacunes au fil de l’expérience, notamment le manque de variété parmi les ennemis et certains moments de remplissage dans l’intrigue. De plus, on regrettera fortement l’absence d’une localisation des textes en français. Un frein pour beaucoup de joueurs, ce qui est dommage au vu des qualités du soft.