Depuis plus de 35 ans, la série Ys nous invite à découvrir les aventures d’Adol Christin, un héros légendaire facilement reconnaissable à sa chevelure flamboyante. Chaque épisode de la série nous est conté à travers les journaux de voyage d’Adol et nous plonge dans des récits d’exploration avec à chaque fois sont lot de rencontres marquantes et de luttes contre des forces surnaturelles. Ys X Nordics est le dernier opus en date, il nous ramène cette fois aux premières années de son épopée à un moment où Adol est encore un jeune aventurier de seulement 17 ans.
L’aventure se situe peu après les événements des deux premiers volets de la saga, Ys I & II. Cette fois, direction le golfe d’Obélia, une région composée d’îles mystérieuses qui n’attendent qu’à être explorées. Adol est accompagné de son fidèle compagnon Dogi, présent depuis ses premières péripéties. Ensemble, ils se retrouvent plongés dans un conflit opposant les Normans, de puissants guerriers marins inspirés des Vikings, aux Griegers, des créatures immortelles menaçant la stabilité de la région. Ils ne reprendront pas la route vers Celceta, leur destination initiale tant que le calme ne sera pas revenu dans cette région, et même s’ils le voudraient ils ne peuvent pas vraiment repartir.
Dans des circonstances encore floues au début de l’histoire, Adol se retrouve en effet attaché par une paire de menottes magiques à Karja, une pirate Norman capable de manipuler le « mana ». Cette mystérieuse connexion les oblige à coopérer tout au long de l’aventure. Tous deux partagent la capacité de manier le mana, le seul pouvoir capable de défaire les Griegers, ces êtres immortels.
Bien que cet épisode puisse être apprécié indépendamment des précédents (aucune connaissance approfondie de l’univers n’est requise), il s’insère harmonieusement dans la continuité de la saga tout en respectant les codes narratifs chers à Nihon Falcom. Exploration de terres inédites, complicité avec une héroïne, et quête d’équilibre entre mythes anciens et conflits humains. Ys X: Nordics cherche à perpétuer les éléments qui ont fait le succès de la série, tout en approfondissant les origines de son héros.
Nous avons exploré les terres d’Ys X Nordics sur PlayStation 5 (avec un peu de retard), et après des dizaines d’heures à arpenter les îles du golfe d’Obélia, il est temps de partager notre verdict sur ce dixième opus. Après un Ys IX: Monstrum Nox qui avait cherché à bousculer les codes de la série avec son cadre urbain et son ambiance plus sombre, Nihon Falcom revient à une formule proche de celle d’Ys VIII: Lacrimosa of Dana, souvent considéré comme l’un des épisodes les plus intéressants de la série. Avec ses couleurs vives, son cadre exotique et son ton résolument aventureux, ce nouvel opus rappelle immédiatement l’épisode insulaire de Seiren tout en renforçant la notion du nautique. Bateaux, îles à explorer, équipages de marins et naufragés à sauver, tout ici évoque une véritable épopée maritime. Contrairement à Ys IX qui vous confinait à la ville labyrinthique de Balduq et ses environs, Ys X change radicalement de perspective. Dès les premières heures, le jeu vous laisse voguer librement avec un navire comme base d’opérations. Une aventure qui met en avant l’exploration et la sensation de liberté.
Comme souvent avec la série Ys, la force du jeu réside dans son gameplay. Falcom continue d’affiner son système de combat en temps réel offrant une fois de plus des affrontements nerveux et dynamiques, rehaussés par quelques nouveautés intéressantes, comme la possibilité de basculer entre deux styles de combats en fonction des situations.
Le système de combat d’Ys X: Nordics conserve la rapidité et la fluidité propres à la série (formule ARPG). Cette fois-ci cependant, l’action repose sur le duo Adol Christin et Karja Balta. Vous pouvez alterner entre les deux protagonistes pendant les affrontements, chacun ayant son propre style de combat. Une des grandes nouveautés de cet opus est le mode duo, qui permet de contrôler simultanément Adol et Karja en maintenant une simple touche. Ce mode autorise des attaques coordonnées plus puissantes et un meilleur contrôle des groupes d’ennemis, mais cela implique des risques, car vos personnages perdent en mobilité et se déplacent plus lentement.
Pour compenser cette perte, une garde liée permet à Adol et Karja de bloquer ensemble la plupart des attaques. Toutefois, cette garde a ses limites, elle peut être brisée sous des assauts puissants ou répétés. Vous pouvez alors séparer les deux personnages pour esquiver et regagner en mobilité. C’est là qu’entrent en jeu certaines attaques à « aura » de couleur bleu ou rouge. Si l’aura de l’ennemi est bleue, vous ne pourrez pas parer ou contrer l’attaque, seule l’esquive en solo fonctionne. Certaines attaques, entourées d’une aura rouge ne peuvent pas être esquivées de cette manière. C’est là qu’entre en jeu la garde parfaite, une mécanique simple, mais efficace. En déclenchant la garde liée au bon moment vous réalisez une parade parfaite qui active un QTE. Si celui-ci est réussi, vous effectuez un contre spectaculaire. Cette dynamique de duo ajoute une réelle tension aux combats, récompensant les réflexes et la précision.
Le jeu encourage une gestion minutieuse où l’on doit alterner entre les personnages pour économiser leur énergie, maximiser les combos ou déclencher des compétences dévastatrices exploitant les jauges de chacun des deux héros. Une mécanique de chaîne de compétences vient enrichir le tout, en alternant efficacement entre Adol et Karja, la consommation de MP est réduite ce qui permet de maintenir une pression constante sur les ennemis. Les combats deviennent ainsi un ballet d’esquives, de parades, de combos et d’attaques spéciales, sublimées par des compétences duo qui exploitent une jauge commune pour infliger des dégâts massifs. Manette en main, il faut bien l’admettre, l’expérience est particulièrement grisante. Notez que la plupart des boss que vous affrontez se terminent sur une mise en scène des plus réussis.
Notre seul regret réside dans le choix de la difficulté. En optant pour le mode « normal », l’aventure s’est révélée être beaucoup trop facile. Avec les nombreuses possibilités d’amélioration des stats pour Adol et Karja, on devient rapidement surpuissant, rendant l’aventure presque trop tranquille. Si vous vous lancez dans Ys X, on vous conseille vivement d’augmenter la difficulté pour profiter d’un véritable challenge !
Enfin, Ys X ne se limite pas aux combats terrestres. Les batailles navales ajoutent une dimension supplémentaire, rappelant des titres comme Assassin’s Creed IV: Black Flag. Entre tirs de canons, munitions spéciales et abordages, ces affrontements maritimes diversifient agréablement l’expérience tout en renforçant l’identité nautique du jeu. Comme pour Adol et Karja, le Sandras peut être entièrement amélioré avec de nouvelles armes, personnalisations ou ajouts d’équipements, tout est pensé pour que votre navire soit aussi redoutable que vos héros.
Côté histoire, Ys X nous propose de vivre une trame bien construite mêlant alliances improbables et mystères qui entourent les deux factions qui s’opposent, les Normans et les Griegers. L’introduction du duo formé par Adol et Karja liés par des menottes magiques offre des interactions intéressantes, les deux personnages n’atyant d’offres choix qu’accorder leur prise de décisions. Les liens entre les deux personnages se développent au fil du récit. Bien que certains rebondissements soient prévisibles et que quelques scènes tombent dans une certaine niaiserie propre au genre, nous avons trouvé que globalement, l’écriture réussit à trouver un bon équilibre. Elle alterne moments d’émotion, découverte et de mystère, ce dernier étant levé seulement dans les derniers instants de l’aventure. Côté durée de vie, il nous a fallu une quarantaine d’heures pour arriver au bout de l’aventure en explorant un total de 80% de la carte maritime. Ce qui est vraiment pas mal.
Le jeu propose de nombreuses activités en dehors du cadre de l’histoire, vous pouvez participer à des raids pour reprendre certaines zones contrôlées par les immortels, de nombreuses quêtes secondaires sont proposées par l’équipage et à mesure que vous accueillez du nouveau personnel sur votre navire, vous débloquez de nouveaux ateliers / marchands qui permettent à nos deux héros de faire des emplettes pour se préparer aux prochaines escales ou de faire fabriquer / améliorer de l’équipement (armes, armures, accessoires) à l’aide de composants que vous ramassés lors de l’exploration de la carte, en tuant des ennemis ou en frappant sur certains éléments du décor.
L’un des grands atouts du jeu réside dans son impression de voyage. Naviguer entre les îles à bord de votre propre navire accentue le sentiment d’exploration et de liberté, avec des environnements maritimes remplis de secrets à découvrir. Chaque escale propose bien souvent des donjons, des quêtes avec de multiples créatures à affronter, des trésors enfouis et même des boss, bien que cet aspect soit atténué par le principal point faible de la série, son moteur de jeu daté. Ys X: Nordics souffre des mêmes imperfections techniques qui ont souvent terni ses prédécesseurs. Si les visuels sont un peu plus soignés que dans les épisodes précédents notamment en ce qui concerne les personnages, le charadesign du jeu a ce petit côté cel-shading pas désagréable, les graphismes en général manquent toujours de caractère et les décors souvent peu détaillés, nuisent à l’immersion. Le manque de variété entre les îles est particulièrement regrettable, on a souvent l’impression de parcourir la même zone avec un agencement légèrement différent. Des biomes plus distincts auraient apporté davantage de diversité et de richesse à l’aventure.
Malgré ces défauts, Ys X: Nordics s’impose comme l’un des épisodes les plus réussis de la série à ce jour et nous vous le recommandons sans hésitation. Vous y vivrez une belle aventure portée par un gameplay solide et renforcer par une réelle ambiance de découverte. Rappelons qu’Ys X Nordics est disponible depuis le 25 octobre sur PlayStation 5, PlayStation 4, Nintendo Switch et PC.