Battle Princess Madelyn a vu le jour grâce à une campagne Kickstarter qui a débuté dans le courant du mois de mars 2017 et qui a atteint son objectif de financement en seulement quelques jours. Une campagne pleine de promesses sur le papier qui aura convaincu de nombreux contributeurs, puisque présenté par ses créateurs comme étant un hommage ou un digne successeur au jeu de Capcom sorti dans les années 90, Super Ghouls’N Ghosts.
Dans les faits, Battle Princess Madelyn est-il vraiment le digne successeur tant attendu ou un vibrant hommage à ce titre d’anthologie ? C’est ce que nous allons tenter de vous faire découvrir au travers de cette critique. Voilà près d’un mois que l’éditeur nous a confié une version test de Battle Princess Madelyn sur Nintendo Switch, version qui a été reportée jusqu’à aujourd’hui (7 janvier 2019) puisque le jeu est désormais disponible à l’achat sur la boutique de Nintendo.
Bien sûr, ce report nous empêchait de publier notre avis sur la version que nous avions reçu plus tôt à cause d’une extension d’embargo en conséquence qui a pris fin aujourd’hui même. Vous vous doutez bien que quand l’éditeur repousse un embargo de la sorte sur un test c’est que quelque chose cloche avec le jeu… Et croyez-nous, nos sessions de jeu de Battle Princess Madelyn se sont faites dans la douleur… Explication !
Une aventure pour deux modes de jeu, histoire ou arcade :
Que vous choisissiez entre le mode aventure ou le mode arcade tout commence par la mort du toutou de Madelyn et de la chute du royaume. Sauf que dans l’un, les choses sont scénarisées (le mode histoire) et dans l’autre nous avons un trip totalement Old-School ou il faut avancer de l’extrême gauche à l’extrême droite de tous les niveaux pour en voir le bout comme c’était le cas avec Super Ghouls’N Ghosts. Sauf que plus vous avancez dans Battle Princess Madelyn, plus le jeu enchaine les bourdes laissant apparaitre le manque d’expérience certain de l’équipe de développement (Casual Bit Games).
Battle Princess Madelyn c’est l’idée de rendre hommage à un grand titre de Capcom sans avoir le talent de le faire… Oui, ces mots sont durs, mais l’aventure proposée par les gars de Casual Bit Games est tellement en dent-de-scie qu’il devient difficile de prendre leur défense.
On commence avec le mode Histoire, bancal c’est le mot :
Dans le mode aventure, le joueur est lâché sans vraiment d’explications… Du moins, c’était le cas dans la version 1.0 puisque la récente mise à jour a modifié certains pans du jeu pour rendre la progression du joueur plus fluide. Cependant, ça ne corrige pas tous les problèmes… Car même si le début de l’aventure ajoute des pancartes d’astuces tous les deux mètres et demi pour faire comprendre au joueur comment ça marche (rien que pour cette pratique on devrait sortir le carton rouge, démontrant une certaine lacune du titre dans sa conception), les PNJs eux sont toujours aussi inutiles que dans la version initiale.
La moitié des personnages du royaume vous diront, « hey Madelyn, tue ce certain boss et je te récompenserais » ou « hey Madelyn, j’ai perdu ça ou mon ami que j’aime tant a disparu, pourrais tu le retrouver ». Voilà, enregistrez bien ces phrases, car c’est la seule chose que vous diront la plupart des personnages que vous croiserez en cours de route.
Et encore, comme nous vous l’indiquions précédemment la dernière mise à jour a permis aux équipes de Casual Bit Games d’ajouter quelques personnages et panneaux d’astuces sur la route pour que le joueur puisse mieux déterminer ce qu’on attend de lui.
Car oui, dans le mode aventure le level design est tellement mal foutu qu’on ne sait jamais ou vraiment chercher. Certains morceaux du décor apparaissent comme des plateformes ou Madelyn peut se tenir alors que quelques écrans plus tard ces mêmes décors ne sont plus considérés comme des plateformes… C’est typiquement une erreur que l’on a vue dans certains très mauvais jeux sortis dans les années 80 ou 90 ou certains éditeurs / développeurs peu respectueux de ce média pensaient que de toute façon les jeux vidéo étaient une pratique pour gosses sans cervelles… Attendez… Battle Princess Madelyn ne devait pas s’inspirer d’un des plus grands jeux du genre de l’époque ? Car là c’est un raté total !
Tout au long de l’exploration, vous devez trouver ce qu’un PNJ (personnage) vous demande pour obtenir une clé qui ouvrira une porte du décor et ainsi progresser. En effet, si vous n’avez pas trouvé un objet en particulier, vous ne pourrez pas explorer certaines parties du décor et progresser dans l’aventure, rappelant la structure d’un Metroidvania. Le truc c’est que rien n’est répertorié, vous devrez vous souvenir qui vous a demandé quoi sachant que tous les personnages du royaume répètent à peu près la même chose et que vous n’avez pas de carte pour vous orienter.
Comprenez bien ! Dans ce fameux mode aventure nous ne parlons pas d’un trip purement arcade ou vous n’avez pas besoin de réfléchir pour avancer, mais bien de niveaux à l’architecture parfois complexe (bancale même)… Donc, l’absence d’une carte comme dans les Metroidvania rend la progression du joueur très difficile…
Et les allers-retours entre les niveaux sont vraiment nombreux. Heureusement, il y a un système de téléportation entre des portails pour voyager rapidement entre les différents mondes sauf que là aussi le système n’a pas été assez réfléchi pour que ça n’en devienne pas une mécanique totalement frustrante.
Le portail de téléportation qui va vous permettre de voyager entre les différents niveaux se trouve bien souvent dans un lieu improbable. Au lieu de donner un objet au joueur ou de placer un téléporteur en début et en fin de chaque niveau, les mecs de Casual Bit Games ont préféré en placer un par monde dans un endroit fixe qui vous demandera parfois de retraverser le niveau intégral pour l’atteindre.
Sauf que vous êtes frustrés, vous voulez vous dépêcher, car vous n’avez pas envie de traverser à nouveau ce niveau que vous avez déjà fait et détesté pour trouver ce qui vous permettra d’avancer, il y a des tonnes d’ennemis sur votre chemin, vous mourrez toutes les 30 secondes et revenez au début du niveau (par le sens où vous êtes entrés) en cas d’échecs… Dur dans ces conditions de convaincre les joueurs de poursuivre l’expérience plus loin…
Et le mode arcade dans tout ça ?
La frustration d’une mauvaise expérience passée, nous nous sommes donc tout naturellement lancés dans le mode arcade. Les choses sont bien plus acceptables que le mode histoire. Nous y retrouvons le même système de vie, la jauge de santé de Madelyn en début d’aventure se tient sur deux coeurs (en haut à gauche de l’écran), dont une barre verte qui sert de vies (en haut à droite de l’écran) et qui se recharge en fonction des âmes absorbées par le fidèle toutou de Madelyn, car oui il est revenu d’entre les morts sous forme spectrale pour aider la courageuse Madelyn dans sa quête.
Vous commencez à l’extrême gauche du premier niveau et le but est de traverser tous les niveaux du jeu jusqu’à atteindre l’extrême droite de chacun. Le level design est différent du mode histoire même si on traverse les mêmes environnements. C’est plus dynamique, les niveaux sont moins longs à parcourir et le level design quand même moins bancal. Madelyn commence avec le pouvoir du double saut et le joueur peut collecter de façon aléatoire les armes et armures du jeu qui permettront de mieux appréhender les épreuves à venir et accessoirement de renforcer la santé de l’héroine. Dans le mode histoire, il faut récupérer des objets et finir une quête pour avoir accès à la forge et améliorer l’équipement (sauf que rien n’est expliqué…). Le tout est entrecoupé par une série de boss (les mêmes que le mode aventure).
Malheureusement, ils sont bien trop faciles à manipuler et certains placements vous permettront même d’éviter la majeure partie de leurs attaques tranchant totalement avec le reste qui n’a qu’un but, vous afficher de plus en plus d’ennemis devant les yeux pour vous conduire à la faute, vous faire perdre toutes vos vies et vous faire recommencer le stage du début.
★ En conclusion :
L’expérience de jeu de Battle Princess Madelyn se montre assez médiocre dans son ensemble à cause d’un level design bancal, des mécaniques de gameplay emprunté à un autre âge sans en comprendre les rouages et sans les moderniser ne procurant au joueur qu’une succession de moments frustrants…
À vouloir trop retranscrire le feeling de l’époque, les développeurs ont réussi à créer une expérience de jeu sans plaisir. Prenons par exemple le cas du saut de Madelyn, si vous traversez rapidement un stage en abusant des sauts et qu’un ennemi que vous avez laissé sur votre route vous touche en plein vol entre deux plateformes alors vous perdrez le contrôle du personnage pendant quelques secondes vous menant inexorablement à finir votre course dans l’eau ou des piques placés en contrebas… C’est un défaut parmi tant d’autres à déplorer…
Certains décors sont plutôt jolis, mais graphiquement le jeu n’a rien de transcendant, les niveaux ont été vus et revus depuis plusieurs décennies dans ce genre de production avec des monstres de type morts-vivants qui apparaissent de partout. Les musiques sont quant à elles plutôt agréables et certains thèmes arrivent à sortir du lot, mais ne permettent malheureusement pas de relever les nombreux défauts du jeu. Attention si vous êtes sensibles aux effets de clignotements, certains décors en abusent totalement, il est possible de ressentir une certaine gêne à ce niveau.
En ce qui nous concerne, nous n’y reviendrons pas, mais vous êtes libre de vous faire votre propre avis en vous procurant le jeu. Mais honnêtement, mieux vaut le faire à petit prix, car la déception ne tardera pas à vous envahir une fois passés les premières minutes de jeu et les premiers défauts constatés.