Après avoir fait les beaux jours de la Nintendo Switch, Disgaea 6, le tactical RPG de Nippon Ichi revient dans une édition « Complete » sur PlayStation 4, 5 et PC (dispo depuis le 28 juin 2022), il s’agit d’une réédition qui a pour principal argument de vente d’inclure tous les DLC sortis à ce jour avec quelques améliorations. Si la version Nintendo Switch qui est sortie un an plus tôt souffrait de quelques problèmes de performances et de fréquence d’images, la version PS5 (celle que nous avons testée) est implacable.
Avec Disgaea 6, les équipes de Nippon Ichi ont cherché un nouveau point de départ pour atteindre un public plus large, essentiellement les joueurs qui ne connaissent pas encore la série. Pour cela, la franchise a opéré un changement majeur, passant de graphismes en 2D sur des Map isométriques à de la 3D façon Cel Shading pour lui donner un côté cartoon. Si l’on peut regretter ce choix, il faut bien avouer que le rendu général (sur PS5 pour notre cas) est assez réussi dans l’ensemble. Si les animations de combats des différents personnages sont vraiment tops à voir à l’écran avec ce style graphique, on ne peut pas en dire autant pour la mise en scène. Il y a un certain manque de maitrise à ce niveau-là et chaque fois que l’on a autre chose que des boîtes de dialogues à lire, on se retrouve à regarder des sprites en 3D très statiques. Bien sûr, le changement du style artistique n’est pas suffisant pour attirer le jeune public. La plus grosse différence avec les précédents opus se trouve dans une série de simplifications du système de jeu et d’une automatisation du gameplay.
L’histoire de Disgaea 6 tourne essentiellement autour du Death-Tructor Divin, une sorte de Dieu de la destruction invincible qui anéantit toutes les dimensions où il apparait. Zed, le protagoniste principal a toutes les raisons de lui en vouloir et tente par tous les moyens de le tuer. Et il va d’ailleurs s’accrocher à cette idée tout au long de l’aventure. Malheureusement, ses nombreuses tentatives se soldent par un échec lui faisant perdre la vie. Le Death-Tructor Divin est si puissant que le pauvre Zed se voit infliger un total de 999 999 999 points de dégâts (le coup fatal) à chaque fois…
Néanmoins, Zed à « l’avantage » d’être un zombie et de maitriser l’ultra-réincarnation lui permettant de ressusciter un nombre infini de fois. Quand Zed a recours à ce processus, il devient plus fort ! Pour le joueur, l’ultra-réincarnation permet de ramener Zed au niveau 1 tout en conservant toutes les techniques qu’il a apprises en cours de route et une partie des statistiques acquises.
Disgaea est une série qui est connue pour ne pas trop se prendre au sérieux, les dialogues entre les différents personnages sont souvent absurdes et cherchent à faire sourire le joueur derrière son écran. Disgaea 6 remplit plutôt bien son rôle à ce niveau-là en mettant en avant un bon paquet de personnages loufoques et excentriques. Dommage en revanche que lors des moments de sérieux ça se finisse à coup de pouvoir de l’amour et de l’amitié. Quand ça arrive, on ne sait plus vraiment si on est toujours dans l’aspect humour du soft ou si les scénaristes ont une vraie volonté de vous balancer en pleine poire toute cette niaiserie épuisante. Ce récit n’est pas le plus brillant de la série et le fait que les dialogues soient exclusivement présentés à la façon d’un Visual Novel n’aide pas à relever le tout. Notons tout de même que la localisation française est excellente.
Si l’histoire d’un super dieu de la destruction est intéressante au départ, on finit aussi par détester cette idée du fait que le Death-Tructor Divin est limite le seul vrai boss de l’aventure à combattre. Le soft est découpé en deux chapitres pour un total de 15 épisodes… Tout au long de l’histoire, vous vous retrouvez à combattre cet adversaire qui devient juste plus fort. Et quand nous disons qu’il est « plus » fort, on sous-entend seulement qu’il a plus de niveaux et donc des statistiques surgonflés. Le combat reste toujours le même, le Death-Tructor Divin n’évolue pas visuellement, il n’apprend pas non plus de nouveaux coups qui pourraient vous surprendre.
Là où le soft brille en revanche, c’est sur sa partie gameplay avec une boucle assez bien ficelée qui a le mérite d’arriver à vous tenir devant votre écran plusieurs heures sans réussir à vous faire décrocher. Évidemment, si vous avez joué aux précédents opus de la licence, vous savez déjà à quoi vous attendre. Sauf qu’ici on gagne nettement en qualité de vie avec un mode « automatique » et un système permettant de paramétrer l’IA du mode auto à l’image des gambits de Final Fantasy XII.
En clair, vous pouvez créer une série de conditions et d’actions pour permettre à vos personnages d’agir d’une façon précise quand vous le souhaitez. Un système assez poussé et complexe qui peut demander un temps d’apprentissage pour réussir à créer une routine IA assez compliquée pour un personnage. Pour sauter un peu cette phase d’apprentissage, vous pouvez faire voter au parlement de l’assemblée démoniaque l’acquisition de morceaux d’IA complet. C’est pratique pour comprendre comment le système fonctionne et avoir des bouts de logiques fonctionnelles.
Néanmoins, nous pensons que ce mode automatique aurait dû être limité pour l’après-fin du jeu, pour la simple et bonne raison que si vous avez trouvé le truc pour rendre vos personnages trop puissants, vous pourrez terminer la majorité des maps de l’histoire en mode automatique en posant la manette sur la table… On y perdrait presque l’aspect tactique qui caractérise la série Disgaea. Les stats plus élevées des personnages et des ennemis et l’augmentation rapide des niveaux sont un peu déroutantes au début donnant presque l’impression que le soft banalise la puissance qui se dégage des attaques. On finit par s’y faire avec le temps et même chercher à booster toujours plus les chiffres qui apparaissent sur la fiche d’un personnage.
Pour cela, le jeu met en avant plusieurs méthodes, il y a de nouveaux mécanismes comme le bar qui stocke une réserve d’exp/mana que vous pouvez transférer aux personnages de votre choix ce qui vous donne un meilleur contrôle sur la progression de votre équipe et il y a toujours le système du monde des objets qui permet d’améliorer les stats des équipements. Cette histoire de statistiques à maxer peut littéralement vous faire tenir des centaines d’heures alors qu’il faut normalement 25 heures pour boucler l’histoire.
Petite mention pour la partie post-game qui relève le récit un peu bancal du soft. À la toute fin, vous avez la possibilité de débloquer plusieurs nouvelles dimensions au challenge relevé. Vous pouvez y affronter des boss qui ont de la gueule et rendre vos personnages si puissants que même le plus fort des Overlord se mettrait à trembler. Et étant donné que l’édition « complete » comprend tous les DLC sortis à ce jour, il y a énormément de choses à voir dans Disgaea 6.
Au final, Disgaea 6 Complete édition une bonne pioche ?
De notre côté, nous avons passé un agréable moment sur Disgaea 6. Nous sommes conscients que cet opus est moins abouti qu’un Disgaea 5 et que l’histoire ne pourra jamais atteindre la grandeur du premier avec Laharl, Etna et Flonne, mais dans l’ensemble, le jeu est satisfaisant dans ce qu’il propose. Si vous n’avez pas encore franchi le cap, Disgaea 6 Complete a l’argument d’offrir tous les DLC vous garantissant ainsi des heures et des heures de jeu. Si vous n’avez jamais joué à un jeu de cette série, ce 6e opus saura vous accueillir comme il se doit avec un système de jeu pensé pour les nouveaux joueurs qui améliore grandement la qualité de vie du titre.