Spider-Man est indéniablement l’un des super-héros les plus célèbres au monde. Bien que de nombreux jeux vidéo basés sur ce super-héros aient vu le jour au fil des années, aucun d’entre eux n’a réellement réussi à capturer l’authentique sensation d’incarner l’homme-araignée. En 2018, Insomniac Games (studio PlayStation), a lancé une aventure Spider-Man ambitieuse visant à atteindre un niveau de qualité similaire à celui établi par le studio Rocksteady avec la série « Arkham » mettant en scène Batman. Alors que le premier jeu Spider-Man d’Insomniac Games posait des bases solides et que l’extension indépendante Spider-Man Miles Morales deux ans plus tard confirmait la maîtrise du studio, il restait à voir si la suite directe du premier jeu et de l’extension serait en mesure de se renouveler suffisamment.
Dans ce test, nous verrons si Spider-Man 2, en tant que suite, remplit sa mission (le jeu est disponible dans le commerce et sur le PlayStation Store depuis le 20 octobre 2023). Pour ceux ayant déjà joué au jeu sur PS5, vous avez probablement une idée de ce à quoi vous attendre au travers de ce test, mais pour ceux qui n’ont pas encore franchi le pas pour acheter le jeu, voici nos impressions après avoir passé trente heures à parcourir la ville de New York en incarnant les deux araignées sympas du quartier, à savoir Peter Parker et Miles Morales, car l’histoire se concentre désormais sur ces deux héros.
Dès que vous démarrez une nouvelle partie de Spider-Man 2, la première chose qui vous frappe, ce sont les graphismes impressionnants avec un aspect très « cinématographique », même en mode de jeu « performance », que nous privilégions toujours pour une expérience la plus fluide possible. Et nous devons dire que les équipes d’Insomniac Games ont accompli un travail d’optimisation assez fou. La ville de New York est rendue de manière magnifique (et aussi beaucoup plus grande qu’avant), et les personnages sont d’un réalisme assez bluffant. La DualSense de la PS5 est parfaitement exploitée, allant jusqu’à offrir une sensation de fermeté dans les gâchettes lorsque vous tissez des toiles pour vous balancer dans la ville ou ajoutant des effets au creux des mains quand vous effectuez certaines actions. Sans oublier la vitesse du SSD de la console qui est mis à contribution, on sent qu’Insomniac tire pleinement parti de la dernière console de Sony. Les temps de chargement sont presque inexistants, vous pouvez passer d’un personnage à l’autre en une fraction de seconde, et le taux d’images par seconde (framerate) de 60 fps reste stable en toutes circonstances, même lorsque l’action devient intense et que l’écran est surchargé.
Avec ce nouvel opus, vous avez la possibilité de choisir d’incarner Peter ou Miles entre les missions, chacun possédant ses propres capacités. Le jeu offre une grande flexibilité en ce qui concerne le choix du personnage. Cependant, pour certaines missions, le jeu vous impose de jouer un personnage plutôt qu’un autre, que ce soit dans les activités principales ou secondaires. L’histoire se concentre principalement sur Peter Parker dans sa lutte contre le symbiote, tandis que Miles Morales tente de comprendre ce que signifie être Spider-Man. Bien que nous appréciions la possibilité de passer d’un Spider-Man à l’autre, l’histoire de Peter Parker prend rapidement le pas sur celle de Miles Morales, et nous avons constaté que ce dernier avait du mal à trouver sa place en tant que Spider-Man par rapport à Peter.
L’histoire du jeu se déroule environ un an après les événements de Miles Morales. Que ce soit avec l’introduction de Kraven en tant que méchant ou l’intervention du symbiote qui perturbe l’intrigue, les éléments narratifs s’orientent davantage vers le récit de Peter. Attention, le personnage a tout de même ses moments héroïques, mais ce n’est pas suffisant quand on compare avec le traitement du Spider-Man de Peter. Nous ne parlerons pas trop de l’histoire pour ne pas vous gâcher des surprises, mais les choses ne font que gagner en intensité au fil des missions pour un finale se terminant en apothéose. Malgré une ville qui a presque doublé de volume, la durée de vie du jeu et notamment celle de l’histoire reste assez similaire au premier opus. Si l’on se concentre sur les objectifs principaux, Marvel’s Spider-Man 2 dure environ une quinzaine d’heures. Par contre on parle de quinze heures vraiment intenses. Dix à douze heures supplémentaires sont nécessaires pour compléter les activités secondaires et atteindre le 100%.
Nous devons souligner que le doublage en français du jeu, déjà très bon dans le premier jeu, a bénéficié d’une nette amélioration de la qualité, les comédiens ayant prêté leur voix aux personnages ont redoublé d’efforts pour rendre le tout plus « authentique » réussissant à nous faire ressentir chacune des émotions des personnages. Les effets sonores et la musique sont aussi agréables (dans la lignée des précédents) et s’intègrent bien à l’expérience, mais c’est le doublage qui fait le plus gros pour donner une certaine aura au titre d’Insomniac. Précisons que bien que le jeu vous propose au début un bref récapitulatif des événements passés, il « suppose » aussi que vous avez joué aux deux précédents volets, c’est presque essentiel pour bien comprendre cette suite.
Du côté des mécaniques de jeu, on retrouve les éléments « light-RPG » introduits dans le premier opus et le spin-off. Les mouvements de base des deux personnages en combat sont quasiment identiques et les deux spidey se contrôlent de la même manière, la différence entre les deux héros quand on tabasse la moitié de la ville de New York (mais tout le monde est méchant dans cette ville en fait ?) résidant dans leurs capacités spéciales respectives. Alors que les deux personnages ressentent les dangers imminents de la même manière, Miles peut compter sur ses pouvoirs électriques et sa capacité à se camoufler, disparaissant sous les yeux de ses ennemis. De son côté, Peter s’appuie sur des bras mécaniques dans son dos avant de tirer parti des pouvoirs du symbiote. Cette fois-ci, Peter et Miles ont chacun accès à un arbre de compétences pour améliorer leurs pouvoirs respectifs, offrant ainsi des styles de gameplay différents selon que vous contrôliez l’un ou l’autre, tout en partageant un second arbre de compétences et une série de gadgets, les choses se débloquent progressivement au fil de l’histoire en accumulant des points d’expérience et en complétant les activités annexes qui permettent d’obtenir des objets spéciaux nécessaires aux déblocages de nouveaux gadgets ou pour améliorer certains aspects des deux personnages comme leur santé entre autres. Les jetons et pièces spéciales servent aussi à débloquer des tenues pour les deux Spider-Man et de ce côté on est plutôt bien servi, plus de 65 costumes sont présents dans le jeu, avec des variantes de couleur pour chacun, totalisant plus de 200 options de personnalisation.
Spider-Man 2 reprend en grande partie les mécanismes de combat des jeux précédents, mais introduit certaines nouvelles mécaniques et améliorations, telles que la manière d’activer les pouvoirs des personnages et des gadgets, renforçant la formule et rendant l’action encore plus fluide qu’auparavant. Si comme avant, on peut esquiver les attaques ennemies en se fiant au sens d’araignée qui apparaît au-dessus de la tête de nos deux héros en combat. Il est essentiel désormais de prêter attention aux attaques qui ne peuvent pas être simplement évitées, et que vous devez presque impérativement parer pour limiter les dégâts. Il est nécessaire de surveiller non seulement votre sens d’araignée, mais aussi certains indicateurs visuels qui peuvent apparaître sur les ennemis. Ces indicateurs vous indiquent que vous devriez plutôt parer que esquiver ou sauter, car l’attaque à venir ne peut par exemple ni être esquivée ni être parée. Lorsqu’il y a un grand nombre d’ennemis, la situation peut parfois devenir chaotique pour le joueur, en particulier dans les difficultés supérieures.
Heureusement, et là encore l’effort est à saluer, les équipes d’Insomniacs ont introduit au jeu un grand nombre d’options d’accessibilité. Il y a tellement de choses que vous pouvez paramétrer avec ces options que vous pouvez complètement transformer la façon de jouer à Spider-Man 2. Vous pouvez supprimer les énigmes si ce n’est pas votre truc, vous pouvez activer des dégâts de chute, rendre certains ennemis plus visibles que d’autres et bien d’autres choses qui permettent d’adapter l’aventure à votre profil de joueur. Et ça, c’est un excellent point que l’on retrouve de plus en plus dans les jeux des studios PlayStation.
Les combats contre les boss sont souvent spectaculaires, accompagnés d’effets visuels impressionnants et de destructions environnementales, le tout orchestré avec une mise en scène qui en met plein la vue. Cependant, nous avons rencontré quelques problèmes lors de ces affrontements de boss, en fait, deux problèmes en particulier. Le premier point concerne la sensation d’être confiné dans une arène de combat avec des limites infranchissables. Cela était particulièrement flagrant dans deux ou trois combats, où si un boss sortait des limites, nous devions attendre qu’il revienne de lui-même dans l’« arène » pour continuer à l’attaquer. Si nous tentions de le poursuivre, nous étions comme bloqués par des murs invisibles. Le deuxième point concerne la caméra lors de certains de ces affrontements, qui peut devenir désorientante au point de nous faire perdre de vue l’action en cours…
Pour les zones remplies d’ennemis, deux approchent s’offrent à vous ,y aller directement et tabasser tout le monde ou y aller furtivement. Nous avons trouvé que cet aspect du jeu rendait les choses bien trop faciles. Vous pouvez très facilement mettre un ennemi hors de combat à côté d’un autre ennemi sur un simple indicateur qui vous montre que l’élimination ne déclenchera pas d’alerte quand vous scannez l’environnement. Le jeu vous indique clairement « sûr » ou « danger », ce qui vous permet presque de nettoyer tous les camps remplis d’ennemis du jeu sans jamais vous faire repérer si vous êtes un joueur assez habile.
Pour les déplacements rapides, plus de métro, vous devez atteindre un certain seuil de complétion dans un quartier pour débloquer le voyage rapide. Après avoir débloqué une zone, vous pouvez voyager instantanément et rapidement vers (à peu près) n’importe quel endroit de votre choix. Dans tous les cas, l’exploration de la ville est déjà bien plus rapide quand vous vous balancez entre les immeubles, car vous pouvez désormais voler à l’aide des delta-toiles, ce qui vous permet de parcourir de longues distances très rapidement notamment quand vous empruntez des couloirs de vent qui vous maintiennent en vol pendant plusieurs minutes.
En ce qui concerne les quêtes secondaires et la façon d’explorer la ville, Insomniac a entendu les plaintes des joueurs du premier opus et on revu la façon de présenter le tout. Comme le reste, c’est un vrai pas en avant, fini les chasses aux pigeons et fini l’escalade sur les antennes pour découvrir la carte. En se promenant à bout de toiles dans la ville de New York, on retrouve bien quelques activités aléatoires des précédents jeux qui peuvent apparaître, notamment « les crimes » qui sont occasionnels et qui sont des activités illimitées. En prenant le temps de vous y intéresser, vous vous retrouvez à stopper le vol d’une voiture, le cambriolage d’un magasin, vous devez parfois colmater les brèches sur une citerne avant son explosion ou sauver un homme dans le besoin, dans tous les cas vous tabasserez des criminels. Ces petites tâches sont résolues en 1 à 2 minutes et donnent quelques pièces spéciales pour des améliorations de votre équipement et de l’XP pour augmenter le niveau des deux Spider-Man. Pour le reste, ce sont principalement des quêtes secondaires marquées sur la carte qui se débloquent lentement et qui sont scénarisées, ce qui permet d’avoir plusieurs histoires dans le jeu en dehors du fil conducteur principal. Ces quêtes mettent en avant beaucoup de méchants / personnages bien connus de l’univers de Spider-Man et sont parfois aussi bien travaillées que la quête principale. Alors évidemment, il reste encore pas mal de choses qui paraissent Fedex ou répétitif avec de multiples endroits ou vous devez compléter des énigmes, nettoyer des bases remplies des chasseurs de Kraven ou encore pas mal de collectibles à ramasser, mais dans l’ensemble les choses paraissent bien plus travaillés que le premier jet.
En conclusion, Spider-Man 2 une suite à la hauteur des espérances ?
Avec Spider-Man 2, les équipes d’Insomniac Games ont probablement réussi à créer le meilleur jeu de super-héros, surpassant même la série Arkham de Rocksteady. Que ce soit en termes de gameplay, de mise en scène ou d’histoire, le studio a considérablement amélioré la formule établie par les épisodes précédents. Ajoutez à cela des visuels exceptionnels et des combats exaltants, le jeu est un véritable régal pour tous les fans de Spider-Man.
Les seuls reproches que l’on pourrait faire à Spider-Man 2 dans son ensemble concernent un déséquilibre dans le traitement des personnages de Miles Morales et Peter Parker. L’histoire de Peter est bien trop mise en avant, tandis que Miles a du mal à trouver sa place en tant que Spider-Man dans cet opus, même s’il avait bénéficié d’une histoire solide dans son spin-off dédié. De plus, la caméra a tendance à s’emballer lors des affrontements avec certains boss, et l’on peut ressentir les limitations des arènes de combat. Si le boss dépasse ces limites, vous devrez attendre qu’il revienne pour pouvoir continuer à l’attaquer, et si vous le coincez dans un coin, la caméra a du mal à maintenir une lisibilité pour le joueur. Quoi qu’on en dise, cette suite améliore presque tout ce qui peut l’être, et si vous ne l’avez pas encore essayé, nous ne pouvons que vous recommander vivement de vous précipiter pour l’acheter et découvrir le véritable frisson d’incarner Spider-Man dans un jeu qui risque de rendre nostalgique un paquet de joueurs d’ici quelques années.