Après un Ys VIII Lacrimosa of Dana qui a apporté pas mal de petites innovations pour la série de Nihon Falcom en 2018, c’est au tour d’Ys IX Monstrum Nox de prendre la relève et de tenter de faire aussi bien que son prédécesseur et d’enrichir toujours plus une série vieille de plus de 30 ans qui reste malheureusement encore trop peu connue du grand public malgré ses qualités indéniables. Adol Christin « Le Rouge » repart à l’aventure, et cette fois il ne débarque pas d’un bateau et ne s’échoue pas sur la plage d’une île perdue au milieu de l’océan. Nous avons eu l’occasion de tester le nouvel Ys IX Monstrum Nox dans son ensemble, il est temps pour nous de vous dresser un avis de ce que l’on a pensé du jeu. Précisons que Ys IX Monstrum Nox sortira le 5 février 2021 sur PlayStation 4 et que la version Nintendo Switch, quant à elle, sera disponible d’ici l’été 2021. Dans ce test, nous parlerons uniquement de la version PS4 qui arrivera en magasin et sur le PlayStation Store dans quelques jours. Voyons si ce nouvel Action-Rpg japonais signé par les équipes de Nihon Falcom vaut le détour !
Direction la prison sans passer par la case de départ :
Peu de temps après l’arrivée d’Adol et de Dogi (son ami de toujours) dans la ville pénitentiaire de Balduq, une zone annexée par l’Empire Romun, Adol Christin est jeté en prison sans ménagement aux portes mêmes de la ville pour une raison des plus obscure. On lui reproche en effet « dans les grandes lignes » d’être un aventurier et d’avoir causé pas mal de soucis par le passé (faisant référence à ce qui s’est produit dans les précédents jeux de la licence Ys). Si le début de l’aventure et le contexte de base peuvent paraitre tirer par les cheveux, on découvrira très vite que de sombres secrets sont cachés dans cette ville de Balduq aux airs d’une forteresse imprenable et que ces secrets semblent avoir un rapport direct avec la prison ou Adol a été enfermé le temps d’un repas. Dès la première heure de jeu, on se retrouve avec un Adol fugitif et totalement désemparé qui ne comprend pas vraiment ce qu’on lui reproche et ce qui se trame dans cette ville pénitentiaire et pour ne rien arranger il va croiser la route d’une mystérieuse femme appelée « Aprilis » qui va réveiller chez notre héros d’étranges pouvoirs qui lui permettront d’exorciser les monstres. Ces pouvoirs mystérieux « comme une malédiction » permettent à Adol de se transformer en Monstrum, son look change totalement quand il est sous cette forme ce qui lui permet d’avancer incognito sous les traits du « Roi Rouge ».
C’est du moins comme cela que le surnomme cette mystérieuse jeune femme ainsi que les autres Monstrums qui vont croiser la route de Adol. Car oui, « Aprilis » ne s’est pas contentée de transformer Adol en Monstrum puisqu’elle a aussi choisi d’autres personnes qui se trouvent dans l’enceinte de la ville pénitentiaire de Balduq pour les transformer en Monstrums. Chacun d’entre eux a des pouvoirs spécifiques et une apparence totalement altérée de la réalité. Le but des Monstrums est de repousser les menaces émergentes de la Nuit de Grimwald. Il s’agit d’une dimension alternative ou de nombreux monstres « les Lemures » y résident et semblent ronger la ville. Quand les Monstrums sont envoyés contre leur volonté dans la Nuit de Grimwald, ils doivent alors combattre jusqu’à la mort et dissiper ses effets. Voilà comment Adol Christin se retrouve de nouveau embarqué dans une aventure aussi incroyable qu’inattendue !
L’idée est plutôt bonne bien que le début de jeu nous ait paru totalement tiré par les cheveux. Comme si les développeurs avaient eu besoin d’un prétexte de base pour mettre Adol dans une situation délicate. Le naufrage sur la plage a été fait beaucoup trop de fois sur cette série, il fallait donc trouver une alternative. Quoi de mieux que la case prison pour démarrer l’aventure ? Dans cette ville, Adol « Le Rouge » n’a pas le choix que de cacher sa vraie identité, il avance comme un fugitif et ses nouveaux compagnons (dont il ignore l’identité réelle) sont vus comme des parias, des êtres maléfiques qu’il faut éviter à tout prix. On ne sait plus alors de quel côté on est vraiment, des protecteurs qui viennent en aide aux plus démunis ou les méchants de cette histoire. Et comme vous vous en doutez certainement, si la transformation en Monstrum donne de super-pouvoirs aux élus, c’est aussi une grave malédiction puisque les personnes choisies ne peuvent plus quitter Balduq. Si l’histoire se veut dans l’ensemble plus sombre, on n’échappe pas aux quelques clichés du genre… Néanmoins, un bon point intéressant à noter, c’est la découverte de l’identité des Monstrums qui se retrouvent coincés dans la Nuit de Grimwald avec Adol, on est toujours très impatient de connaitre leur vraie identité qui reste masquée jusqu’à un certain stade de l’histoire. On ne sait jamais à quel moment on va les croiser à Balduq et à quoi ils ressemblent en vraie, qui ils sont quand ils ne sont pas sous l’apparence de Monstrums.
Une exploration qui gagne en verticalité grâce aux pouvoirs des Monstrums :
La majeure partie d’Ys IX Monstrum Nox se déroule dans cette fameuse ville, Balduq. Les équipes de Nihon Falcom ont créé une énorme ville divisée en différents secteurs que le joueur peut entièrement explorer à force qu’il progresse dans les différents chapitres du jeu. La zone de départ est limitée, il faut que Adol remplisse certains objectifs et remplisse sa jauge « Nox » pour qu’une sphère apparaisse à un endroit de la ville et le mène lui et ses compagnons Monstrums à survivre à une nouvelle « Nuit de Grimwald » qui prend des allures de Tower Défense (les joueurs d’Ys VIII connaissent ce système). Des monstres apparaissent par vague et vous devez à tout prix éviter qu’un pilier avec un cristal se trouvant sur les lieux ne soit détruit. Ce faisant, vous brisez alors une barrière qui vous retenait dans une zone de Balduq et le terrain de jeu s’agrandit petit à petit, comme un monde ouvert et interconnecté. Il faut savoir que la jauge Nox se remplit principalement quand vous terminez des quêtes secondaires que vous récupérez d’un tableau à votre planque dans la ville ou quand vous combattez des monstres dans la dimension alternative. Ce qui est intéressant, c’est la façon d’explorer cette grande ville, les pouvoirs de Monstrum d’Adol lui permettent d’emprunter la voie pourpre ce qui lui permet de se déplacer rapidement vers un endroit éloigné et même de traverser n’importe quelle surface en utilisant cette capacité.
Quand vous vous déplacez dans la ville ou même les donjons, vous voyez bien souvent des sphères rouges apparaitre à différents points qui vous permettent de vous y téléporter rapidement sur une simple pression de touche. Dans cet opus, Adol ne se contente plus de doubles sauts et de grimpette après avoir découvert un objet clé. L’exploration gagne nettement en profondeur et verticalité, vous pouvez vous déplacer sur les toits de la ville, monter tout en haut d’une cathédrale, l’exploration n’a presque plus aucune limite avec ce neuvième épisode de la licence Ys. Notre aventurier aux cheveux rouges n’est pas le seul à profiter de ce genre de capacités puisque comme nous le précisions plus haut, chaque Monstrum a une compétence spécifique et unique. Et chose intéressante, Adol hérite de ce pouvoir quand un personnage le rejoint dans son équipe. Le Monstrum Alba Felis permet à notre héros d’utiliser la capacité échappée céleste qui donne la possibilité de courir verticalement sur les murs tandis que Falco et ses ailes du prédateur offrent la possibilité aux personnages de l’équipe de déployer de gigantesques ailes et planer sur de longues distances. Dans cet opus on prend un réel plaisir à explorer et chercher tout ce qu’on put cacher les équipes de Nihon Falcom dans cette ville gigantesque. Et étant donné qu’il y a au total 6 Monstrums, on vous laisse un peu imaginer les possibilités qui s’offrent aux joueurs à la fin !
En explorant Balduq, on croise bien souvent des vortex noirs, quand Adol entre en contact avec le temps se fige, on est instantanément envoyé entre les deux dimensions et il faut y combattre des Larvas. Ça permet à l’équipe de se transformer en Monstrums et combattre sans effrayer la population puisqu’ils se retrouvent tous figés à ce moment. Ça a du sens, car les Monstrums sont censés rester discrets sur leurs activités et surtout masquer leur identité. Rappelons qu’ils sont recherchés par les soldats de l’Empire Romun et les chevaliers de la Croix étoilée. Pourtant, Ys IX se montre parfois totalement incohérent avec son propre concept, on se transforme bien souvent devant la population ou même les gardes sans que personne ne réagisse. Quand on se téléporte d’un point à un autre depuis le sol par exemple, quand on commence à courir sur le mur d’une maison ou lorsqu’on atterrit d’un toit vers le sol… Il y a quelques fois de légères réactions, mais sans plus alors que le changement d’apparence est bien visible dans la dimension de la population lambda. C’est quand même assez dommage !
De même, à cause des limitations techniques et surement par un manque de moyen, la réalisation de Balduq et ses districts nous a paru assez sommaire, entre manque de vie flagrant et ambiance assez triste avec des environnements plutôt vides, Ys IX a du mal à convaincre sur cet aspect. Nous avons d’ailleurs noté pas mal d’aliasing et de clipping assez gênants qui nous rappelle sans cesse que le rendu pourrait être nettement meilleur. Si les modèles des personnages principaux sont plutôt réussis et rendent bien à l’écran (malgré l’aliasing bien présent), le reste est assez limite malheureusement avec des textures datées qui font pâle figure…
Un système de combat qui atteint des sommets :
Le point ou Ys IX Monstrum Nox brille et s’envole totalement c’est bien avec son système de combat tout simplement incroyable. On est toujours sur de l’action pure et dure qui prend parfois des airs de hack-and-slash hyper rapide et nerveux. Vous enchainez les attaques, les coups spéciaux et switchez de personnage d’un instant à un autre avec une telle aisance, les développeurs maitrisent totalement le sujet. Les nouveaux pouvoirs du roi pourpre lui permettent de s’agripper à un adversaire et réduire instantanément la distance qui le sépare de son adversaire. Le système est dans la continuité de ce que les fans connaissent, mais force est de constater que la formule n’a fait que s’affiner et se bonifier avec le temps. Chaque personnage a une arme, un ensemble de capacités, vous devez tirer parti de certains détails propres à chacun des personnages jouables pour parfois briser la défense de votre adversaire.
On a même le droit à des affrontements de boss épiques soutenus par une bande-son très entrainante la majeure partie du temps. Comme toujours, vous devez faire progresser le niveau de votre groupe, améliorer son équipement et d’autres aspects pour qu’ils gagnent en puissance à mesure que vous progressez. Il y a toujours ce riche système de matériaux que vous récupérez sur les monstres et certains objets du décor. En difficulté normale , les choses semblent plutôt bien équilibrées avec un petit pic final qui vient quelque peu pimenter les choses. Un joueur moyen y trouvera son compte sans problème tandis que les joueurs les plus chevronnés pourront tenter le diable en choisissant une difficulté plus corsée, Ys IX a clairement ce qu’il faut jusqu’à un mode inhumain qui mettra vos compétences à rude épreuve.
★ En conclusion, Ys IX Monstrum Nox un bon jeu à faire ?
Les joueurs d’YS VIII et les fans de la licence en général avanceront en terrain connu avec cette suite, on y retrouve une structure assez similaire et pas mal de mécaniques de jeux qui étaient présentent dans le précédent opus. En revanche, Ys IX Monstrum Nox gagne nettement en verticalité avec les pouvoirs des Monstrums qui permettent de se déplacer de différentes façons, ce qui rend l’exploration plus intéressante. Courir sur les murs, se téléporter d’un point ou à un autre où planer pour traverser un canal est très plaisant, on a envie de farfouiller chaque recoin de Balduq. Toutes les zones qui semblent hors d’atteinte aux premiers abords sont totalement ouvertes à Adol et ses compagnons. Il est cependant vraiment dommage que la réalisation générale du jeu accuse autant le coup, entre textures d’un autre âge, clipping et aliasing, difficile de détourner le regard sur ces défauts. En revanche, là ou Ys IX brille littéralement c’est sur son système de combat nerveux, rapide, et diablement efficace on ne s’ennuie jamais ! L’aventure est relativement longue à terminer, entre exploration de la ville, ses secteurs et les nombreux donjons, il faut environ 70 heures de jeu pour faire le tour du soft dans son ensemble et environ 40 heures en ligne droite pour boucler l’histoire selon votre style de jeu, la difficulté choisie et d’autres facteurs à prendre en compte. La série Ys est quoi qu’il en soit une valeur sûre, malgré certains détails ennuyants, on ressort toujours satisfait d’un jeu développé par les équipes de Nihon Falcom.